Ghoncheh Ghavami, 25 ans, a été arrêtée en juin dernier à Téhéran pour avoir voulu assister à un match de volley. Elle a été détenue 126 jours dans la prison d’Evine.
EVINE. Le nom de l’horreur, de l’enfer, de l’insoutenable.
EVINE. Un nom qui m’a rappelé celui de Hengameh Haj Hassan, infirmière à Téhéran au moment de la Révolution islamique. Elle assiste alors dans son service hospitalier aux conséquences de la mainmise du régime de Khomeiny. Ne pouvant rester indifférente, elle dénonce les agissements du pouvoir théocratique. Arrêtée en 1981, elle passe trois ans dans diverses prisons, dont celle d’Evine.
De ses années d’incarcération, elle a tiré un livre Face à la bête. Des Iraniennes dans les prisons des mollahs. Parce qu’Hengameh Haj Hassan est sortie vivante de ces prisons, elle a souhaité, des années plus tard, témoigner. Rendre hommage à celles qu’elle a laissées derrière elle, « des sacrifiées qui ont donné leur vie sans un cri ». Pour dire les conditions de détention, la torture, les exécutions, la bestialité des bourreaux… au delà de l’imaginable, et ne pas oublier. « Je dois faire entendre ces voix qui ne voulaient que la liberté, que vivre libres. Je dois faire entendre le cri étouffé de la petite Fati qui avait à peine quatorze ans, débordante de vie et de l’espoir ardent de revoir sa mère et qui s’est brutalement retrouvée face au peloton d’exécution ».
Le témoignage Hengameh Haj Hassan révèle l’horreur vécue par ces femmes courageuses qui ont osé se rebeller contre le régime, qui ont défendu jusqu’à leur dernier souffle leur soif de liberté.
Que dire après ça ? Le silence assourdissant. Refermer le livre. Anéantie.
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