Le Pays Basque espagnol, de Bilbao à Pampelune

Le musée du Guggenheim, la star de Bilbao

Bilbao. Première étape de notre voyage au Pays Basque espagnol à l’été 2016. Facilement accessible en voiture depuis le Sud Ouest, nous avons entamé notre approche de la région en empruntant la route de la Corniche qui offre de beaux panoramas sur l’Océan atlantique.

Si Bilbao vaut avant tout par le musée Guggenheim, nous n’avons pas été déçus par la vieille ville animée et commerçante. Capitale de la Biscaye, Bilbao – qui a longtemps été une cité industrielle aux façades noircies – est devenue, grâce aux travaux des plus grands architectes, une ville dynamique où il fait bon vivre.

Le Casco Viejo

Situé sur la rive droite du Nervión, la vieille ville s’étend de l’église baroque San Nicolas (1756) au nord à l’église San Antón et au marché de Ribera au sud. Il est agréable d’arpenter les ruelles du quartier historique et de diner Plaza Nueva. Encadrée de profondes arcades de style néoclassique, la Plaza Nueva est l’un des centres les plus animés de la cité avec ses bars-restaurants, ses terrasses et ses commerces. Tout près, au bord de la rivière, le théâtre Arriaga a été construit en 1890 par Joaquín Rucoba dans un style néobaroque inspiré de l’opéra Garnier de Paris.

Au cœur du Casco Viejo, la cathédrale de Santiago est le plus ancien édifice de la ville. Commencée en 1379 à l’époque gothique, elle a été remaniée en 1571 après un incendie. Au centre de la place Santiago, la fontaine de marbre rose date de 1785. Non loin de là, dans la calle Perro, on peut voir également la fontaine del Perro qui aurait été construite – dit-on – avec des pierres de l’ancien rempart de la ville.

Le musée du Guggenheim, la star du Pays Basque

Inauguré en 1997, le Guggenheim est le pôle culturel du sud de l’Europe. Son architecte, le célèbre Franck O Gehry, a imaginé une immense sculpture de titane dans la zone industrielle au bord du Nervión. Le coût total du projet est d’ailleurs à la mesure de l’ambition : plus de 100 millions de dollars.

Devant le musée, l’œuvre végétale de Jeff Koons et l’impressionnate araignée, Maman (1999) de Louise Bourgeois. On s’arrête également devant la Fire Fountain d’Yves Klein. A l’intérieur, la collection de la fondation Solomon R. Guggenheim comprend des oeuvres significatives de tous les mouvements.

Vers Guernica : la côte de la Biscaye

Prolongement naturel de la côte de Guipùzcoa, la côte de la Biscaye est une succession de plages et de ports, sur fond de collines verdoyantes. Cette route mène à Guernica, ville chargé d’histoire.

Guernica, ville martyre

Située à une trentaine de kilomètres de Bilbao, Guernica était une étape obligée pour nous qui avions étudié le célèbre tableau de Pablo Picasso au lycée. Malgré un temps bien gris, la ville martyre avait des allures de fête lorsque nous nous y sommes arrêtés un 16 août. Petits et grands, vêtus de la même manière, s’étaient donnés rendez-vous dans le centre ville dans une ambiance conviviale et bon enfant afin de célébrer San Roque !

Petit rappel. Lorsque les habitants de Biscaye et du Guipùzcoa prirent le parti des républicains contre Franco, Guernica fut la cible des représailles franquistes. Le 26 avril 1937, les avions de l’unité aérienne allemeande Condor, au service de Franco, piquèrent délibérement sur le marché de Guernica, tuant en priorité les civils. L’indignation internationale fut énorme et inspira à Picasso sa célèbre toile, aujourd’hui au musée Reina Sofia de Madrid. Une copie en céramique est visible dans la ville.

Guernica, cité de la paix

Le centre de ville se concentre autour du musée de la Paix, ouvert sur la plaza de los Fueros, face à la mairie. Ce musée de conception moderne est consacré à la diffuson de la « culture de la paix » ; on y relate l’histoire de la ville et de la guerre civile espagnole. Derrière cette place à arcades se dressent les quelques maisons rescapées du bombardement en 1937.

Jouxtant cet ensemble, le parc des Peuples d’Europe abrite deux sculptures modernes, l’une d’Henry Moore, figurant un personnage dans un abri, et l’autre d’Eduardo Chillida, représentant la Maison du père – le monument de la Paix.

Au coeur des vignobles de la Rioja

C’est par hasard que nous avons atterri à Haro, troisième étape de notre voyage au pays basque espagnol. Après avoir longuement cherché un logement en cette période estivale très demandée, un site de réservation en ligne nous a proposé un appartement à Haro. Les photos de l’appartement étaient attrayantes mais nous étions néanmoins dubitatifs dans la mesure où Haro n’était nullement cité dans notre guide. Tout à fait normal puisque nous n’étions plus au Pays Basque mais dans La Rioja, région réputée pour la qualité de ses vins.

Haro

Haro est une cité prospère très agréable pour y séjourner. Nous étions logé dans le vieux quartier face à l’église de Saint-Thomas. A Haro, riche en caves et en tavernes, on se ballade un verre de vin à la main à toute heure de la journée. On déambule aussi dans les ruelles de cette cité où subsistent de nombreuses maisons nobles avec de belles façades du 17e et du 18e siècles.

On évite peut-être la bataille du vin qui a lieu chaque 29 juin pour les festivités de saint Pierre. Après une messe, commence une bataille pacifique entre deux camps durant laquelle les participants se lancent des litres et des litres de vin. Un spectacle impressionnant, qui conclut à midi. Les gens retournent ensuite à Haro, et se rassemblent sur la plaza de la Paz.

Vignobles et architecture contemporaine

La Rioja offre de beaux paysages de vignobles agréables à découvrir en voiture. On s’arrête pour contempler les caves dessinées par des architectes célèbres.

A voir notamment :

  • La Bodega Ysios, réalisée par l’architecte valencien Santiago Calatrava. Le bâtiment évoque une vague qui reprendrait la courbe des monts cantabriques tout proches.
  • La Bodega Viña Real, dessinée par l’architecte français Philippe Mazières. De forme discoïde, elle allie le cèdre rouge du Canada au béton et à l’acier.
  • A Samaniego, les bodegas Baigorri. Dessinées par Iñaki Aspiazu Iza, elles trônent à l’entrée du village, avec leur terrasse en espalier à flanc de colline et leur hall d’accueil tout en verre.
  • La bodega Marquès de Riscal à Elciego conçue par Franck Ghery, le créateur du musée Guggenheim de Bilbao. Les courbes de métal de différentes couleurs évoquent une bouteille : rouge pour le liquide, argent pour la capsule et or pour le filet.

Laguardia

Dressée sur un promontoire adossé à la chaine de Cantabrie, la capitale de la Rioja Alavesa est tournée vers le bassin fertile de l’Ebre. Cette cité médiévale vaut le détour, le temps d’un après-midi. On admire ses remparts, ses belles maisons de pierre et le magnifique portail de l’église Santa Maria.

Célèbre pour ses vins rouges, Laguardia est une ville sur caves, et donc bâtie sur un véritable gruyère. Le vignoble génère une telle richesse que chaque maison possède sa propre bodega. Le sous-sol est entièrement constitué de caves identifiables aux grilles d’aération sur le sol. On en compte près de 300 dans le centre historique si bien que l’on craint de voir s’effondrer les rues.

Zoom sur les vignobles de la Rioja

Le climat sec et ensoleillé du sud de l’Alava, la protection des sierras contre les vents du nord et le cold calcaire des coteaux orientés vers le sud constituent autant d’atout pour un vignoble de qualité. Les Romains, devinant un terrain favorable, avaient déjà importé la vigne. Son exploitation s’organisa à plus grande échelle à partir du Moyen Age. Aujourd’hui, les vins de La Rioja sont les plus prestigieux d’Espagne.

La Rioja bénéficie de l’appellation d’origine contrôlée depuis 1991. Trois régions, trois sous-appellations qui produisent des vins assez différents : La Rioga alta, La Rioja baja et La Rioja alavesa. Dans l’ensemble, le vin de La Rioja est un vin d’assemblage fruité, assez fort en alcool, riche en tanin, ayant du corps.

Pour se loger, nous vous recommandons Apartamentos Turísticos Beethoven Haro. Appartement très confortable, parfaitement entretenu et accueil chaleureux.

Vitoria-Gasteiz, capitale du Pays Basque

Nous avons consacré une partie de notre dernier jour au Pays Basque espagnol à visiter sa capitale, Vitoria-Gasteiz. Si Bilbao et San Sébastian sont rivales depuis des siècles, Vitoria connaît un essor relativement récent. Il a fallu attendre 1980 pour que Vitoria sorte de sa léthargie : le 23 mai, le Parlement basque l’élit capitale de la Communauté autonome. Depuis, elle connaît une expansion étonnante et accueille le Parlement et le gouvernement, les administrations centrales, et les sièges sociaux des grandes entreprises. Ce qui n’enlève rien à son charme. Vitoria est une ville très agréable avec un quartier médiéval, deux belles cathédrales, de nombreux musées et espaces verts; chaque été, plusieurs festivals y sont organisés.

La veille ville

Maisons médiévales et palais Renaissance racontent son passé de ville florissante tandis que tavernes et commerces en font un lieu animé. Les noms des rues datant du Moyen-Age évoquent encore aujourd’hui  les corps de métiers qui y étaient représentés : Zapateria (cordonnerie), Herreria (forge), auxquels se sont rajoutés Cuchilleria (coutellerie) et Tintoreria (teinturerie).

La place de la Vierge blanche, si elle ne fait pas partie historiquement de la veille ville, est l’épicentre de Vitoria, assurant la jonction entre les artères modernes et le Casco Viejo. Le lieu honore la Vierge blanche qui occupe une place importante dans le cœur des habitants et ce, depuis la fondation de la ville par Sanche VI le Sage. Devenue sainte patronne de la ville au 19esiècle, elle est couronnée « reine de la cité » en 1954. Le 4 août a lieu en son honneur le défilé des faroles.

Spacieuse, parfaitement restaurée, la place de la Vierge blanche est entourée de hautes maisons étroites en pierre ornées de bow-windows d’un blanc étincelant. Au centre de la place, en souvenir de la victoire contre Napoléon en 1813, s’élève une statue équestre de Wellington accompagné du général Alava.

Dominant la place, l’église  San Miguel s’élève au sommet des escaliers. Ici se trouve la statue de Celedon, personnage célèbre des fêtes patronales de Vitoria Gasteiez.

La ville moderne

Par la place de la Vierge blanche et la place d’Espagne, on rejoint les rues piétonnes et commerçantes, l’agréable parc de la Florida, les paseos plantés d’arbres et les différents musées d’art. Carrée, bordée d’arcades, la place d’Espagne a été conçue au 18e siècle, lors des grands travaux d’urbanisation et servit ensuite de modèles à d’autres villes (Estella, Bilbao, San Sebastian…).

Le parc de la Florida, né au début du 19e siècle, est un lieu de promenade très agréable en plein centre-ville, avec ses kiosques à musique et son jardin botanique planté d’espèces exotiques.  A noter qu’avec ses 40 parcs, 200 000 arbres et arbustes, Vitoria se place en tête des capitales européennes pour son taux d’espaces verts par habitant.

Pampelune et ses fêtes folles de la Saint-Firmin

Nous avons terminé notre séjour par Pampelune, capitale de la Navarre, connue pour ses courses de taureaux et ses corridas, lors des fameuses fêtes de Saint-Firmin, immortalisées par Ernest Hemingway. Bordé de remparts,  son quartier historique conserve une ambiance de vieille ville fortifiée qui invite à déambuler dans les rues médiévales, entrecoupées de jolies places et d’églises.

La place du château

Entièrement piétonne, c’est la place la plus populaire de la ville, entourée d’immeubles à arcades du 17e siècle. Initialement, c’était la place d’armes du vieux château, qui devint peu à peu un lieu de réjouissances populaires : danses, tournois, corridas… en témoigne le kiosque à musique.

De là, on peut redescendre par l’angle S.E. direction la plaza de Toros, l’un des lieux mythique de la ville où se déroulent les corridas de la Saint-Firmin. Chaque année du 6 au 14 juillet, Pampelune s’enflamme : tous les excès sont permis. Ernest Hemingway eut un tel coup de foudre pour les Sanfermines qu’il les immortalisa dans Le soleil se lève aussi.

Plaza de Toros

Ouverte au public uniquement durant les fêtes des Sanfermines, ce sont les troisièmes plus grandes arènes tauromachiques du monde, après celles de Mexico et de Madrid. Elles peuvent accueillir jusqu’à 19 700 spectateurs !

La cathédrale Santa Maria La Real

De l’église romane primitive subsistent quelques chapiteaux du portail et du cloître, exposés au musée de Navarre. On reconstruisit aux 14e et 15e siècle une cathédrale gothique. Puis à la fin du 18e siècle, Ventura Rodriguez rééedifia la façade principale dans les styles baroque et néoclassique alors à la mode.

Elle dispose d’un beau cloître qui invite à la méditation et au silence.

Sources : Guides bleus et vert du Pays Basque