Depuis Nara, nous avons pris le train pour Koyan-san, cité monastique, située au sommet d’une montagne couverte d’épaisses forêts. Depuis douze siècles, Koya-san est un célèbre centre de dévotion qui attire chaque année près d’un million de pèlerins. Au moyen-Age, le site abritait près de 1500 monastères; il en reste aujourd’hui une centaine dont une trentaine de temples-auberges proposant gîte et couvert aux voyageurs.
Inscrite depuis 2004 au Patrimoine mondial de l’Unesco, Koya-san s’organise autour des monastères où près d’un millier de bonzes se consacrent à leurs prières et méditations quotidiennes. Comme ailleurs au Japon, leur rôle consiste, moyennant finance, à pratiquer les rites funéraires et à honorer la mémoire des ancêtres.
La nécropole
L’Okuno-in, la nécropole, rassemble pas moins de 200 000 tombeaux dans un lieu mystérieux et ésotérique. S’y côtoient des noms illustres, des shoguns, des samouraïs, des grands prêtres et des artistes mais aussi des petites gens. Au sommet d’une trentaine de marches s’ouvre le Toro-do, le hall aux mille lanternes. Derrière se cache de Gobyo, la crypte de Kobo Daishi supposé être en état de méditation depuis près de 1200 ans. Deux fois par jour, des moines en procession lui offrent un repas mais aussi un éventail l’été et un chauffage l’hiver.
Le chemin des dames
Jusqu’en 1872, l’accès de Koya-san était interdit aux femmes comme le mont Athos en Grèce. Celles-ci pouvaient néamoins suivre le sentier forestier qui parcourt en boucle les huit crêtes entourant la cuvette où campe la cité sacré. Aujourd’hui parfaitement balisé, le tour complet prend environ 5h30.
La cérémonie du feu
Ce lieu hors du temps invite à la déconnexion et à la méditation. Si vous en avez l’occasion, assistez à la cérémonie du feu. A cinq heures, le gong retentit pour annoncer la cérémonie du feu. Dans la pénombre du sanctuaire, le grand prêtre s’assied devant l’autel chargé d’offrandes, de cloches et de chandeliers et brûle dans un bassin en bronze des fagotins de bois. Le feu crépite, qui consume les illusions et délivre des passions. Allignés de chaque côté, assis sur leurs talons, les yeux fermés, les moines psalmodient des mantras d’une voix basse. La cérémonie achevée, les moines se font aubergistes : ils lavent les sols, nettoient les chambres et préparent le petit déjeuner. Le diner végétarien est servi à 17 heures par les moines puis c’est le temps du silence, du temps pour soi dans un environnement emprunt de spiritualité.
Sources :
- Japon, National Geographic.
- Japon, Guide vert, 2009.
- Sabouret Jean-François, Japon, peuple et civilisation, La découverte, 2004.