Nara, la ville où les daims sont rois

Nara a fait alliance avec la nature. En son cœur, un parc de 600 hectares et quelques 1200 daims qui y broutent en liberté. C’est ici, à l’extrémité de la route de la soie, que fut fondée l’ancienne Heijo-Kyo, première capitale fixe du royaume, de 710 à 784. Avec elle se mit en place un Etat fort et centralisé, catalyseur de l’identité nationale. Le bouddhisme importé de Chine et de Corée put s’y enraciner et fleurir sous le patronage des souverains successifs, dont quatre impératrices. Berceau des traditions et de la littérature japonaise, cette ville à taille humaine concentre parmi les plus précieux trésors artistiques et les plus anciens édifices du pays, dont huit sont désormais inscrits au Patrimoine de l’Unesco.

Kofuku-ji

A proximité du parc de Nara se trouve le Kofuku-ji, temple édifié en 669 à Uji, au sud de Kyoto, puis transféré à Nara en 710 par la puissante famille Fujiwara à laquelle il appartenait. Au temps de sa splendeur, entre le 8e et le 12e siècle, il s’étendait sur près de 12 000 m2 et comptait quelques 175 bâtiments. C’est l’un des rares édifices bouddhistes qui, en dépit des dommages et des reconstructions, a conservé son style d’origine dut « style wayo » (style purement japonais sans influence chinoise).

Todai-ji

En 743, l’empereur Shomu ordonna la construction d’un ambitieux bâtiment afin d’accueillir ce qui devait être la plus colossale statue de bronze du monde : le grand bouddha de Nara. La statue fut consacrée en 752. Chaque année, le site reçoit près de 3 millions de touristes. Au bout de l’allée se dresse le pavillon du grand bouddha, le Daibutsu-den. Si sa dernière reconstrcution a réduit sa taille et modifié ses proportions, il reste le plus gigantesque édifice en bois du monde avec 48,5 m de hauteur e 57 m de largeur.

L’intérieur dévoile la grande statue en bronze du Daibutsu Vairocana, le Bouddha cosmique, assis sur une fleur de lotus en état d’illumination. Sa taille monumentale (15 m) et son poids (250 t) en font le plus grand bouddha en bronze du monde. Réalisée en 751 par le Coréen Kimimaro – aidé dit-on de 370 000 ouvriers, l’œuvre a subi de nombreuses restaurations. Seul le piédestal est d’origine, la tête date du 17e siècle.

Kasuga Taisha

Situé à l’est du parc, le Kasuga Taisha se trouve au pied des deux monts sacrés, le Kasuga-yama et le Mikasa-yama, jadis vénérés comme lieux élus par les kami pour descendre sur terre.

Le Kasuga Taisha est réputé pour ses 3 000 lanternes données par les fidèles au cours des siècles : des lanternes en pierre, alignées et tapissées de mousses jalonnent l’entrée principale depuis le grand torii à l’entrée ; d’autres, en bronze, sont suspendues dans les corrdiors des bâtiments. Toutes sont allumées lors du festival Mantoro qui se déroule deux fois pas an dans le sanctuaire.

Les daims de Nara

Les daims sacrés de Nara sont en fait des cerfs Sika, une variété un peu plus petite que les daims d’Europe. Leur pelage brun noisette tâcheté de blanc prend une teinte gris sombre en hiver. Le brame des mâles a lieu à l’automne, saison des amours. Les biches mettent au monde un seul faon par an, au printemps, qui suit sa mère durant six mois. Considérés comme les messagers des dieux du sanctuaire Kasuga, les daims de Nara sont classés Trésors nationaux. Jusqu’en 1637, tuer l’un deux était puni de mort !

En théorie herbivores, ces ruminants ont pris l’habitude d’être nourris par les visiteurs du parc, si bien qu’ils les suivent continuellement en essayant de manger tout ce qui est à leur portée. Leur principale cause de mortalité est d’ailleurs l’indigestion d’emballages en plastique.

Sources :

  • Japon, National Geographic.
  • Japon, Guide vert, 2009.
  • Sabouret Jean-François, Japon, peuple et civilisation, La découverte, 2004.