Geishas. Un terme qui incarne pour beaucoup d’entre nous le Japon au féminin. Et pourtant, elles sont loin d’incarner la Japonaise du 21e siècle. Tiraillée entre tradition et modernité, celle-ci se bat aujourd’hui pour concilier vie professionnelle et vie familiale. Et il y a encore fort à faire.
Terminée l’image de la japonaise en kimono 24h/24, femme au foyer soumise et silencieuse. Les nouvelles japonaises se font entendre, venant petit à petit à bout des traditions. Désormais, elles veulent s’épanouir professionnellement, se réaliser par elle-même. Plus indépendantes, elles sont donc plus nombreuses sur les bancs de l’université : en 2010, la part des étudiantes était de 42,1% des effectifs. En 2009, 42,3 % des travailleurs sont des femmes ; elles occupent très souvent des emplois de gestion et d’administration ou travaillent dans le secteur des services.
Néanmoins, seulement 44,7 % d’entre elles ont un CDI contre 80 % des hommes. Et cela se complique quand elles deviennent mères. Près de la moitié démissionne de leur travail après avoir eu leur premier enfant. Au Japon, il faut encore choisir entre travailler et enfanter et ce, en raison du manque de mesures adaptées encourageant les femmes actives à faire des enfants. Il n’est donc pas étonnant que le Japon enregistre une baisse constante de son taux de fécondité depuis les années 1970; en 2005, l’indice était même descendu à 1,26, posant la question du renouvellement des générations dans un pays vieillissant.
Pourtant, il existe au Japon un congé parental paritaire qui peut être pris par les deux parents dans l’année de naissance de son enfant pour une durée librement déterminée. Mais les entreprises n’accompagnent pas ou peu financièrement ce type de congés. Et, au final, ce sont en majorité les femmes, à plus de 95 %, qui prennent un congé pour s’occuper de leur enfant.
Tout n’est pas perdu cependant. Les pères militants réagissent. Une ONG, Fathering Japan, a été créée en 2006, invitant les pères à prendre davantage d’initiatives dans la famille. L’Etat a également décidé d’encourager les entreprises à favoriser la conciliation entre le travail et la vie familiale en leur octroyant un logo du ministère de la Santé et du Travail prouvant leurs engagements. Parmi ces entreprises dites « family friendly », on trouve par exemple Sony qui a obtenu son agrément avec un prix d’excellence en 2005 ou IBM Japan en 2010. Des crèches d’entreprise ont vu le jour également ; la première chez Shiseido.
Les chiffres sont tirés du Hors-série, Le Temps des femmes, publié par Alternatives économiques en septembre 2011.
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