Tâches ménagères : les femmes en font moins, les hommes pas plus

L’Insee publie une étude consacrée à l’évolution du partage des tâches domestiques entre les hommes et les femmes depuis 25 ans. Si l’écart de situation se réduit entre les deux sexes, les inégalités demeurent importantes. D’autant que l’explication est à chercher du côté des femmes qui consacrent moins de temps aux tâches ménagères que du côté des hommes qui n’en font pas plus.

La durée des tâches ménagères a diminué de 20 % en 25 ans pour les femmes

En 2010, les femmes consacrent en moyenne quatre heures par jour aux tâches ménagères, soit une demi-heure de moins qu’en 1999 et une heure de moins qu’en 1986. Elles passent moins de temps à faire la cuisine, le ménage, les courses et à gérer le linge. Cette heure gagnée s’est transformée pour un quart en temps de travail (qui inclut le temps de travail proprement dit, mais aussi les formations et les temps de trajet domicile-travail) et pour une demi-heure en temps libre (le reste allant au temps physiologique -dormir, se laver, manger- et aux trajets).

Le temps que les hommes consacrent aux tâches domestiques n’a pas évolué en 25 ans

En 2010, les hommes effectuent 2 heures et 13 minutes de tâches ménagères en moyenne par jour, soit une durée équivalente à celle effectuée en 1999 (2 h 13) et 1986 (2 h 07). Pourtant, leur durée moyenne de travail professionnel s’est écourtée de 32 minutes en 25 ans, sous l’effet en particulier de la montée du chômage (6,1 % pour les hommes de 15 à 65 ans en 1986, 9,6 % en 2010), et du passage aux 35 heures. Ce temps de travail en moins correspond pour l’essentiel à du temps libre en plus ; il a augmenté de 19 minutes en moyenne sur cette période.

La composition des tâches domestiques auxquelles ils s’adonnent le soir a un peu évolué par contre : en semaine, par exemple, les hommes font plus souvent la cuisine (c’est le cas de 9 % d’entre eux, en hausse de 3 points) et s’occupent plus des enfants (4 %, en hausse de 1,5 point) qu’en 1999 ; en contrepartie, ils passent moins de temps à bricoler ou à jardiner (5 %, moins 1,5 point). Les pères de famille ayant un enfant de moins de 3 ans consacrent plus de temps aux tâches domestiques, avec une heure de plus en moyenne que les hommes dans d’autres situations familiales. Ce temps supplémentaire va pour l’essentiel aux soins pour les enfants.

Plus il y a d’enfants dans le ménage, plus le partage des tâches ménagères reste inégal

L’inégalité du partage des tâches domestiques ne cesse de s’accentuer avec le nombre d’enfants dans le ménage, en particulier s’il y a un jeune enfant de moins de trois ans (entre 2 et 4 heures de plus pour les femmes, selon les configurations familiales). Toutefois, là encore, et quels que soient le nombre et l’âge des enfants, la différence de temps passé aux tâches ménagères entre les conjoints a fortement diminué entre 1999 et 2010 (entre 1/4 d’heure et 1 heure et demie selon les configurations familiales).

Au sein des couples dont l’homme est en emploi, ce sont les femmes qui travaillent àtemps partiel et les femmes inactives qui ont le plus diminuéleur contribution au travail domestique. Dans les couples oùl’homme est en emploi et la femme travaille àtemps plein, l’écart de travail domestique est stable, à une heure et demie par jour en moyenne. Au final, lorsqu’on ajoute le temps professionnel au temps consacré aux tâches ménagères, les écarts sont faibles au sein des couples oùles deux conjoints travaillent, leur durée totale étant comprise entre 8 et 8 heures 30 par jour.

Statu quo pour les activités parentales

En 2010, les pères passent 9 minutes de plus par jour en moyenne às’occuper de leurs enfants qu’en 1999. Toutefois, l’écart entre les pères et les mères reste stable car les mères y consacrent aussi plus de temps. Les mères passent une demi-heure de plus que les pères à s’occuper de leurs enfants (soins corporels, médicaux, etc.) mais seulement 6 minutes de plus pour les jeux et l’instruction.

La progression de la participation des femmes au marchédu travail ne semble pas se traduire par un partage plus égalitaire des tâches ménagères entre les sexes. Si les femmes en font effectivement moins, les hommes n’en font pas plus. De plus, il semblerait que la moindre participation des personnes aux tâches domestiques n’ait pas étéremplacée par des substituts marchands ou de l’aide informelle.

Lire l’intégralité de l’étude sur l’évolution du partage des tâches domestiques en 25 ans.

Illustration : Cathy Karsenty