Les visages d’abord, brûlés souvent, détruits… Et pourtant restent les sourires, étonnants, déroutants comme si ces jeunes femmes de quinze ans, de vingt ans, ces jeunes corps brûlés, s’excusaient d’avoir voulu mourir de cette manière : l’immolation par le feu.
La réalité ensuite : dans la région d’Herat, en Afghanistan, au carrefour des routes de la soie, un jour sur deux, une femme s’arrose d’essence de la tête aux pieds. Comment expliquer ce phénomène inquiétant ? On évoque ici les talibans, l’absence du plus élémentaire droit des femmes, les mariages forcés, la honte des rapports sexuels hors mariage, la vie partagée avec une belle-famille qui vous nie… Toutes ces raisons s’additionnent, mais la détresse reste un mystère autant qu’un tabou.
Ce document saisissant nous plonge au cœur du service des grands brûlés d’Herat. Une infirmière française soigne, rassure, panse les plaies, accompagne aussi vers la mort ces très jeunes filles qui murmurent : “Marie-Jan…” Dorothée Olliéric la suit pas à pas, nous permettant de comprendre la souffrance mais aussi les espoirs de Malalaï, de Tahmineh, de Mansoura, et des autres…
Marie-Josée Brunel et Dorothée Olliéric, S’immoler à 20 ans, Une infirmière française en Afghanistan témoigne, Grasset, 2007.
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