Clarence Rodriguez, journaliste française installée à Ryad depuis 2005, a rencontré huit femmes qui se battent au quotidien pour faire avancer leurs droits en Arabie Saoudite. Tutorat masculin, autorisation de conduire, accès à l’emploi… Ces sujets sont abordés avec une grande sincérité par ces femmes, loin des clichés souvent véhiculés par les médias occidentaux.
Ce n’est pas vraiment par choix que Clarence Rodriguez s’est installée en 2005 à Ryad, capitale de l’Arabie Saoudite, capitale de la pétromonarchie la plus influente du monde et des musulmans wahhabites, une des branches les plus rigoristes de l’islam. Elle a suivi son mari muté là-bas par son entreprise. Changement de vie, changement de décor pour cette journaliste qui a toujours travaillé et souhaite continuer à le faire.
A son arrivée, Clarence Rodriguez découvre une société structurée par les coutumes religieuses, un ensemble de règles contraignantes surtout quand on est une femme. De plus, comment exercer son métier de journaliste sans accréditation. Un premier combat qu’elle finit par remporter. Elle est d’ailleurs la première femme occidentale à obtenir une accréditation auprès de ministère de l’Information saoudien lui permettant de couvrir les affaires du royaume.
Au fil des années, Clarence Rodriguez a rencontré des femmes saoudiennes, toutes différentes mais avec une énergie et un courage hors norme pour se réaliser malgré les obstacles dressés sur le chemin par la société saoudienne. Elle a décidé de leur donner la parole dans un livre. Chacune à sa manière et avec son histoire aborde des questions fondamentales : tutorat masculin, éducation, représentation politique, emploi des femmes, droit de conduire… Elles assument leurs choix, leurs positions, quitte à en payer le prix.
Ainsi Maheda Al-Asjroush, qui le 10 novembre 1990, a fait partie de ce petit groupe de femmes qui ont pris le voulant afin de revendiquer leur droit de conduire. Une action historique dans le Royaume. Leur convoi sera arrêté peu de temps après par la police religieuse : interrogatoire, humiliations… mais pas seulement. On l’empêcha ensuite d’exercer son activité professionnelle de photographe.
Manal al-Sharif, onze plus tard, se filmera en train de conduire et postera la vidéo sur YouTube. Incarcérée pendant neuf jours, elle est devenue l’icône du mouvement Women2drive. Elle raconte à Clarence Rodriguez ses motivations mais aussi les sacrifices auxquels elle a du consentir suite à cette sur-médiatisation.
Il y aussi Eman al-Nafian dont le blog Saudiwoman’s Weblog est devenu un phénomène de société. Elle y aborde les sujets qui fâchent sans détour, parfois avec virulence. Enseignant aujourd’hui l’anglais aux étudiantes de l’université de médecine et dentaire de Riyad, elle tient son blog depuis 2007, profitant de l’essor d’internet comme un espace de de liberté indéniable.
Dans le livre de Clarence, on découvre aussi Haifaa al-Mansour, la première réalisatrice du cinéma saoudien. Avec elle, on touche du doigt les contradictions de l’Arabie saoudite : son film Wadja a été sélectionné par un organisme saoudien officiel pour représenter le pays aux Oscars alors même que le cinéma y est interdit. Il y a aussi la princesse Adela, Wojdan qui a participé aux JO de Londres…
La journaliste donne aussi la parole à un homme. Car eux aussi pâtissent parfois de l’absence de certains droits accordés aux femmes. De nombreux maris soutiennent leurs femmes, les accompagnent dans leurs combats ; c’est le cas ici de ces femmes interviewées.
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