La romancière sud-africaine, Nadine Gordimer, est décédée le 14 juillet 2014, à l’âge de 90 ans. Elle a fait de la lutte contre la ségrégation raciale le combat de sa vie. Très tôt, Nadine Gordimer, qui a grandi dans la communauté anglophone blanche du quartier de Springs, proche de Johannesburg, prend conscience du poids que la ségrégation raciale fait peser sur son pays.
En 1953, elle publie son premier roman, Les jours menteurs, dont le succès lui permet désormais de vivre de l’écriture. Cinq ans plus tard, paraît Un monde d’étrangers qui évoque la conversion d’un jeune anglais entraîné par son ami noir Steven Sitole, dans le monde noir; le livre est interdit en Afrique du Sud.
A partir de 1959, elle s’engage également en politique en rejoignant le Congrès national africain de Nelson Mandela. Elle sera présente à sa libération en 1990. Un an plus tard, elle reçoit le prix Nobel de littérature qui la récompense pour ses romans et nouvelles qui tirent les conséquences qu’impliquent pour l’être humain les distinctions raciales et pour son engagement en faveur de la littérature et de la liberté de parole dans une Etat policier, où se pratiquent la censure et la persécution.
Vivre au présent
Son dernier roman, Vivre au présent, publié en octobre dernier, aborde la période post apartheid. Un couple métissé, Steve, blanc, mi- juif mi-chrétien, et Jabulile, femme zoulou, vétérans de l’ANC, mariés à une époque où les lois raciales le leur interdisaient, se retrouvent en 1994 à Johannesburg dans l’Afrique du Sud post apartheid. Elle était noire, il était blanc. C’était tout ce qui comptait. Tout ce qui constituait l’identité, alors. Aussi simple que les lettres noires sur cette page blanche. C’était par ces deux identités qu’ils transgressaient. Et ils s’en tirèrent plutôt bien, finalement.
Ils rencontrent d’anciens camarades et des voisins gays sortis eux aussi de l’illégalité. Les uns comme les autres n’avaient aucun mal à savoir qui ils étaient à cette époque, mais comment mener une vie normale dans cette société intégrée, après tant d’années de combat et clandestinité ? Depuis 1991, la promesse d’une vie meilleure pour tous tarde à se concrétiser et les inégalités sociales remplacent l’ancienne ségrégation raciale. Un roman passionnant sur ce que signifie être de nos jours sud-africain, avoir des racines et aider à façonner l’avenir de son pays.
Lire son interview « Savoir qui est un homme dans l’espèce humaine » publiée dans Le Monde des livres en juin 2007.