Indonésie : l’excision en héritage

Généralement associée aux pays africains, l’excision est une pratique extrêmement répandue en Indonésie puisque plus de 95% des fillettes seraient excisées dans les communautés musulmanes, selon un rapport du Conseil sur la population de 2003. Une réalité pointée du doigt par Alexandra Deniau et Eric Beurot dans un reportage diffusé hier soir dans le magazine Envoyé Spécial de France 2.

Les deux journalistes ont suivi Arista, une petite fille de 3 ans et demi qui, un jour de février 2012, est conduite par sa mère à Bandung, capitale de l’île de Java ouest et troisième ville d’Indonésie. Chaque année, au printemps, se tient une cérémonie d’excision massive et gratuite orchestrée par une fondation islamique, en l’honneur du prophète Mahommet. Là-bas, les sages-femmes pratiquent à la chaîne l’ablation d’une partie de l’appareil génital de ces petites filles amenées par leurs mères. Ces « opérations » pratiquées sans anesthésie et à l’aide d’une simple paire de ciseaux ont lieu dans un centre de prière ou dans une salle de classe où les bureaux ont été recouverts de draps pour l’occasion. Autorisée jusqu’à l’âge de 14 ans, l’excision est même une « prestation » proposée dans les services maternité des hôpitaux, juste après l’accouchement.

Comment les femmes expliquent-elles cette mutilation qu’elles-mêmes ont subi et feront subir à leurs filles ? Cela réduit le plaisir sexuel et enlève aux épouses la tentation de l’adultère. Un discours parfaitement intégré par les Indonésiennes qui méconnaissent aussi les conséquences négatives d’un tel acte sur leur santé.

En 2006, certains couples qui refusent de faire exciser leurs filles, malgré le poids de la tradition et la honte qu’ils font peser sur  leur famille, avaient accueilli avec un grand soulagement l’interdiction par décret de l’excision. Un espoir de courte durée puisqu’en 2011, le ministère de la santé l’a de nouveau autorisée, prétextant l’argument sanitaire selon lequel il est préférable que cet acte soit réalisé par un « agent de santé qualifié ».

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