Azadi. Liberté en persan. Le nom du monument blanc et de la grande place de Téhéran investie par des milliers de manifestants en juin 2009. Ils étaient venus pour protester contre les élections truquées qui ont imposé pour la seconde fois Mahmoud Ahmadinejad à la tête de la République islamique d’Iran. Une colère sourde s’était emparée de la jeunesse instruite de Téhéran, épuisée de se sentir coupable. « Nous avons le sentiment que nous commettons des péchés impardonnables, nous courons le risque d’être fouettés parce que nous profitons de l’été et nageons, ou parce que nous ne portons pas les couleurs autorisées, ou parce que trop de cheveux dépassent de nos foulards (…). » Tels sont les mots de Raha, étudiante en architecture, l’héroïne d’Azadi.
Avec son fiancé Kian et leurs amis, ils ont sincèrement cru que le temps du changement était arrivé. Mais la supercherie qui a permis à Ahmadinejad de s’autoproclamer élu a définitivement transformé leur crédulité en un sentiment de trahison profonde et d’injustice. Malgré les mises en garde de leurs aînés qui ont connu les révolutions antérieures, rien ne peut les empêcher de risquer leur vie et leur liberté en descendant dans la rue. Et malgré les suppliques de ses parents, chaque matin, Raha se lève pour aller manifester. « Et puis tout d’un coup quelque chose arrive et ça ne va plus bien, et nous devons payer le prix pour cette liberté dérisoire que nous pensions pouvoir nous accorder. » Arrêtée en pleine manifestation, elle va vivre une réclusion d’une violence inouïe, d’une barbarie innommable qui vous soulève le cœur et anesthésie vos sens. Un choc brutal, total. Une terrible profanation. Pourtant, Raha va se battre pour que justice lui soit rendue dans un pays où l’application de la loi est arbitraire et où le sort des femmes n’a aucune importance.
Saïdeh Pakravan, Azadi, Belfond, janvier 2015.
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