Un masque de gorille, des noms de code et l’humour ont fait le succès des Guerrilla Girls. Né dans les années 80, ce groupe de femmes artistes se bat depuis plus de 25 ans contre les discriminations dont sont victimes les femmes dans le monde de l’art. De l’audace, du courage et de la ténacité qui ont inspiré les jeunes féministes.
Jupe courte, bas résilles, talons aiguilles… et un masque de gorille : voilà à quoi on reconnaît les Guerrilla Girls, groupe de femmes artistes, écrivains, cinéastes qui a émergé dans les années 80 et 90. Leur histoire débute en 1985 lors d’une exposition organisée par le Museum of Modern Art de New York, qui présentait un état des lieux des grandes tendances de l’art contemporain sous le titre An International Survey of Painting and Sculpture. Le problème ? Parmi les 169 participants, treize seulement étaient des femmes. Les Guerrilla Girls réagissent en manifestant devant les portes du musée. Leur mobilisation reste sans grand effet sur les passants. Elles décident d’aller plus loin et de s’en prendre directement au marché de l’art avec ses lobbies – collectionneurs, artistes, galeristes. Leur moyen d’action : des affiches en faveur de la place des femmes dans les arts qu’elles collent dans les rues de Soho.
« Les femmes doivent-elles être nues pour pouvoir entrer au Metropolitan Museum ? » Cette affiche apposée sur les bus new yorkais en 1989 a été l’une de leurs interventions les plus spectaculaires. Les Guerrilla Girls faisaient ici référence au fait que, dans cette institution, moins de 5% des artistes exposés dans les sections d’art moderne étaient des femmes alors qu’elles faisaient l’objet de 85% des nus.
Au delà de leur démarche, les partisanes étaient aussi des femmes masquées. Le masque de gorille était un emprunt à King Kong, double symbole : d’une part, les Guerrilla Girls s’appropriaient l’image de la domination masculine et de la virilité incarnées par King Kong ; d’autre part, le costume faisait référence à Marlene Dietrich qui avait su effrayer les foules des années 30 dans un costume de singe dans un film hollywoodien de l’époque.
Aujourd’hui encore, elles sont un groupe sans doute très hétéroclite de femmes de tous âges, origines, d’orientation sexuelle différente et ayant un succès variable sur le marché de l’art. Elles sont et ont toujours été anonymes. Pour leurs apparitions publiques, elles se servent de noms de code : ceux de femmes artistes et écrivains aujourd’hui décédées comme Frida Kahlo, Eva Hesse, Alice Neel … afin de rappeler leur existence.
L’humour est très certainement la clef du succès des Guerrilla Girls, qui depuis vingt cinq ans parcourent le monde pour dénoncer les discriminations dans le monde de l’art. L’année dernière, l’artiste Yoko Ono leur a remis le Courage Award For the Arts 2010. Les Guerrilla Girls ont fait des émules également, à l’image de La Barbe, ce groupe d’action féministe né en 2008. Preuve que le combat continue.
Avantages à être une femme artiste : Travailler sans subir la pression du succès Aucune obligation d’exposer avec des hommes Quatre boulots d’appoint offriront des possibilités d’évasion La conscience que ta carrière pourra prendre son essor quand tu auras 80 ans La certitude que quoi que tu fasses, ton art sera toujours considéré comme féminin. Pas de mains liées par un poste de professeur d’université Tes idées fleurissent dans les œuvres des autres La chance de pouvoir choisir entre carrière et maternité Pas d’obligation de fumer ces gros cigares ou peindre dans des costumes italiens Tout le temps de travailler quand ton ami te quittera pour quelqu’un de plus jeune La conscience que ton nom apparaîtra dans les éditions revues et corrigées de l’histoire de l’art Pas d’embarras à être considérée comme un génie Ton portrait dans une revue d’art déguisée en gorille Communiqué officiel des Guerrilla Girls
1 commentaire
Les commentaires sont fermés.