Qui sont-elles ces Japonaises qui ont quitté leur pays au début du 20e siècle pour épouser de l’autre côté du Pacifique un homme qu’elles n’avaient pas choisi. Surnommées les « picture brides » car elles ne possédaient de leur futur mari qu’une photographie, elles ont tout quitté, enduré une longue traversée, pour vivre le rêve américain. Un rêve devenu rapidement cauchemar. Qui avait entendu parler d’elles ?!
Julie Otsuka leur donne la parole et faire entendre leurs voix nombreuses, émouvantes, puissantes. L’écrivaine dit leur quotidien, le travail exténuant aux champs ou comme bonne à tout faire chez les blancs, leurs maris miséreux et souvent misérables, la nuit de noces, les grossesses, les enfants, les humiliations, l’isolement aussi car très peu ont pu apprendre l’anglais. Il ne leur restait que leurs souvenirs d’enfance, unique moyen d’évasion… jusqu’à la guerre. Puis l’oubli, l’effacement.
Le chant de Julie Otsuka est poétique, envoûtant, émouvant. Elle met des mots sur les maux de ces femmes réduites au silence pendant tant d’années. Un hommage bouleversant à ces Japonaises échouées de l’autre côté du Pacifique.
Née en 1962 en Californie où elle a été élevée, diplômée en art et artiste peintre, Julie Otsuka a choisi, à l’âge de trente ans, l’écriture. Son premier roman, Quand l’empereur était un dieu, publié en 2002, abordait déjà un sujet tabou : l’internement dans des camps des citoyens américains d’origine japonaise après l’attaque de Pearl Harbor en 1941. Son propre grand-père avait été arrêté par le FBI au lendemain de Pearl Harbor et sa famille internée pendant trois ans au camp Topaz, dans l’Utah. En 1988, le président Reagan, au nom du gouvernement américain, présenta ses excuses à la communauté américano-japonaise pour le traitement qu’elle avait subi à cette période. Ce premier roman a valu à Julie Otsuka de nombreuses distinctions. En novembre dernier, elle a reçu le prix Femina étranger pour Certaines n’avaient jamais vu la mer.
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