“Castor de guerre” : ces mots que Simone de Beauvoir écrit en 1939 au dos d’une petite photographie à Jacques-Laurent Bost, alors mobilisé sur le front, résonnent comme une promesse et dessinent le programme d’une vie aussi exigeante dans les choix privés que dans les choix publics. On y entend déjà ses futurs combats.
En 1956, Simone de Beauvoir se lance dans cette difficile et dangereuse entreprise de parler de soi en commençant la rédaction de ses mémoires. C’est la chronologie de ce grand cycle autobiographique que Danièle Sallenave a décidé de suivre afin d’épouser au mieux le destin du Castor. L’occasion de raconter aussi ce que fut le 20e siècle, ce « siècle des extrêmes », un monde d’antagonismes radicaux où les intellectuels français avaient encore un rôle, celui de « grandes consciences », généreuses, intrépides jusqu’à l’aveuglement parfois.
Danièle Sallenave se glisse dans l’œuvre de Beauvoir, évitant toute tentation hagiographique. Elle n’hésite pas à émettre des critiques, notamment sur ses engagements politiques vis-à-vis de Staline et de Mao ou encore son attitude parfois cruelle envers les jeunes maîtresses de Sartre.
Danièle Sallenave, Castor de guerre, Gallimard, 2008, Folio, 2009.
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