Qui était vraiment Billie Holiday ? Une grande chanteuse de jazz ? C’est certain. Une diva à la réputation sulfureuse ? Probablement. Prostitution, alcool, drogue… Journalistes et biographes ont largement véhiculé l’image d’une star de tous les excès, contribuant à l’isoler toujours un peu plus. Jusqu’à l’abattre.
Mais que pensaient d’elle ceux qui la connaissaient vraiment ? Bobby Henderson, Lester Young, Bobby Tucker… Linda Kuehl, journaliste, les a rencontrés durant les années 70 ; elle a interviewé plus de 150 personnes ayant approché de près ou de loin Billie Holiday. Malheureusement, Linda Kuehl disparut tragiquement en 1978, et le projet resta dans les cartons jusqu’à ce que la romancière et biographe Julia Blackburn ne tombe, des années plus tard, par hasard sur ces archives et décide d’achever ce travail titanesque.
A partir des témoignages de ses intimes – amis, amants, musiciens, managers, rivales – mais aussi de souteneurs, de dealers ou d’agents des stups, Lady in Satin dresse un portrait bouleversant et tragique de Billie Holiday. Parfois décousus, contradictoires, ces témoignages sont unanimes sur une chose : Billie, on ne pouvait que l’aimer. Elle avait une voix envoutante, une présence incroyable.
En interprétant la chanson Strange Fruit dénonçant le lynchage des Noirs dans le Sud des Etats-Unis, elle fut aussi le symbole – un peu malgré elle – de la lutte contre la ségrégation raciale. Elle qui d’ailleurs se produisit dans les plus grandes salles de concert ne dormait que dans des hôtels miteux réservés aux Noirs.
Emprisonnée en 1947 pendant un an pour détention de drogue, traquée ensuite par les agents du Bureau fédéral des Narcotiques, Billie Holiday vécut dans la peur permanente d’être arrêtée et emprisonnée. Hospitalisée en mai 1959 pour une cirrhose et une insuffisance rénale, elle est de nouveau arrêtée pour détention de drogue et mise sous surveillance policière pendant plusieurs jours. Elle meurt quelques jours plus tard, le 17 juillet, à l’âge de 44 ans.
Julia Blackburn, Lady in satin, portrait d’une diva par ses intimes, Rivage Rouge, mars 2015.
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