De l’Islande, petit pays d’environ 320 000 habitants, on connaît essentiellement la chanteuse Björk et depuis le 15 avril 2010, son fameux volcan Eyjafjö dont l’entrée en éruption provoqua l’arrêt des lignes aériennes dans le nord de l’Europe pendant plusieurs jours. Mais sait-on que l’Islande est un pays précurseur en matière de droits des femmes ?
En politique…
Dès 1915, les Islandaises ont en effet obtenu le droit de vote – les Françaises attendront 1944 – et l’éligibilité en 1919. En 1980, Vigdís Finnbogadóttir est la première femme présidente à être élue dans une démocratie ; elle le restera jusqu’en 1996. Fin 2008, la crise financière a entraîné le renversement du Premier ministre, remplacé pour la première fois par une femme, Jóhanna Sigurõardóttir qui est en outre une homosexuelle revendiquée. Elle est toujours en poste. Le président du parlement, l’évêque, ainsi que quatre ministres sont également des femmes. Quant à Thóra Arnórsdóttir, journaliste et candidate sans étiquette aux prochaines élections présidentielles, elle vient tout juste d’accoucher à quelques semaines du scrutin, ce qui ne l’empêche pas de faire partie des favoris.
Au travail…
En 1975, 30 000 Islandaises ont fait grève et sont descendues dans les rues de Reykjavík pour exiger l’égalité salariale. Trente ans plus tard, elles étaient 60 000 à manifester de nouveau, toujours pour défendre la même cause. Car si 80% des Islandaises travaillent, elles continuent cependant, à qualifications égales, à percevoir un salaire inférieur en moyenne d’un tiers à celui des hommes. De plus, en 2006, les femmes n’étaient que 14 % à diriger une entreprise. Et 8% à siéger au Comité de direction des cent plus grandes entreprises de l’île. Mais après l’effondrement du système bancaire islandais en octobre 2009, les femmes ont repris les choses en main et ont mis en cause les banquiers qui n’avaient pas hésité à engager dix fois le PIB de l’île et donc à jeter le pays dans la banqueroute. Elles ont alors décidé de prendre la tête de plusieurs banques, entre autres de Audur Capital, une société majoritairement féminine proposant un nouveau capitalisme.
Natalité, maternité, avortement…
L’Islande enregistre également un taux de natalité assez élevé par rapport au reste de l’Europe : 1,92 enfant par femme. La première maternité arrive en moyenne à 26 ans, sans que cet âge relativement précoce ne pénalise les femmes en termes d’éducation ou de travail. Le congé maternité est de neuf mois, réparti entre le père et la mère avec un minimum de trois mois accordés au père. Les jardins d’enfants sont nombreux. Les étudiantes et les mères célibataires y sont prioritaires et bénéficient de tarifs plus avantageux. L’avortement a été autorisé en 1935 si la vie ou la santé de la femme était en danger, son extension à des motifs économiques datant de 1975.
Le corps des femmes n’est plus à vendre
En 2009, le pays a voté une loi qui interdit tout achat de « service sexuel » sur le modèle suédois et norvégien. Les hommes n’ont plus le droit de s’offrir, contre un billet, l’accès sexuel au corps des femmes. Une loi de 2010 impose la fermeture de tous les strip clubs du pays ; il est désormais interdit de faire commerce de la nudité de ses employées. L’Islande est ainsi le premier pays au monde à oser une telle mesure et à bannir l’exploitation sexuelle commerciale des femmes.
Sources :
- Le Temps des femmes, Hors-série, publié par Alternatives économiques en septembre 2011.
- L’Islande, un laboratoire pour les femmes ?, publié le 12 octobre 2010 par le site http://www.egalite-infos.fr/
- Les femmes piquent la crise, Libération du 2 février 2009.
A lire :
- L’enquête des Quotidiennes « L’Islande donne du pouvoir à ses femmes » de Nicolas Poinsot, publiée le 23 mai 2012.
- « L’Islande tout feu tout femmes », publié dans Libération le 24 avril 2012.
- L’Islande est-elle vraiment le paradis des femmes ?, publié dans Le Monde le 4 juillet 2012.
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