« Empêchons Israël de devenir l’Iran ». Un slogan scandé par des manifestants le 27 décembre dernier à Beit Shemesh, ville située à une trentaine de kilomètres à l’ouest de Jérusalem, où vit une forte minorité ultra-orthodoxe. Laïcs, religieux, politiques s’étaient rassemblés pour protester contre l’exclusion des femmes de l’espace public, dénonçant par là-même la montée de l’intolérance religieuse en Israël.
A l’origine de ce rassemblement, Naama Margolis, une petite fille de 8 ans. Des fanatiques ultra-orthodoxes lui avaient craché dessus alors qu’elle se rendait à l’école, pointant du doigt sa tenue vestimentaire considérée comme « immodeste ». Ses larmes ont ému la société civile qui a décidé de réagir aux insultes, aux crachats et aux menaces proférées par les extrémistes religieux contre les femmes.
Car ce puritanisme ne se réduit pas à la « bienséance vestimentaire. » A Jérusalem, les femmes ont quasiment disparu de la publicité ; des trottoirs et des files d’attentes leur sont désormais réservés, certaines lignes de bus leur imposent de s’asseoir à l’arrière des bus… Quelques semaines avant les attaques contre Naama Margolis, une étudiante de 28 ans, pourtant vêtue « modestement », manches et jupe longue, tête couverte d’un foulard, a été insultée par les passagers d’un bus. Sa faute : s’être assise à l’avant, près du chauffeur, pour se faire indiquer l’arrêt où elle devait descendre. Choquée, l’étudiante a posté des photos et ses commentaires sur un réseau social estimant qu’en 2011 il était « inconcevable que de telles situations d’intolérance perdurent. »
Jusque-là resté silencieux, le gouvernement de Benyamin Nétanyahou, soutenu par une coalition de partis religieux, a réagi. Un conseil interministériel sur la question des femmes a été mis en place sous la direction de Limor Livnat. Le président Shimon Pérès a envoyé un message solennel : « Aucun homme n’a le droit de forcer une femme à s’asseoir où il veut. En tant que juif et en tant que président de l’Etat d’Israël, je ne peux accepter un tel phénomène.»
Pour découvrir le quotidien des Israéliennes, deux conseils de lecture :
– Reva MANN, La fille du rabbin, JC Lattès, 2008 (Pour lire l’article sur ce livre, c’est ici).
– Eliette ABECASSIS, La répudiée, Le livre de poche, 2002.
Lu dans la presse :
Dans son numéro de juin 2012, le magazine Marie Claire a rencontré des femmes « insoumises aux religieux de l’extrême ». Parce qu’elles refusent d’être parquées à l’arrière des bus ou harcelées pour « indécence », des femmes se révoltent. Et disent non à ces religieux ultra-orthodoxes qui veulent plier la société juive à leur loi. Mais il faut beaucoup de courage pour quitter la communauté harédi…. Une enquête de Corine Goldberger.
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