Arabie Saoudite – Paroles de femmes

Pour la première fois, les femmes ont pu voter et se faire élire le 13 décembre dernier en Arabie Saoudite. Un petit pas pour les Saoudiennes qui n’ont toujours pas le droit de conduire dans leur pays. Mais un pas de plus comme le souligne la journaliste Clarence Rodriguez dans son documentaire « Arabie Saoudite, Paroles de femmes », diffusé sur France 5 le 8 décembre 2015. Pendant un mois, elle a rencontré des femmes qui bousculent les préjugés dans ce pays où la charia dicte les règles.

Le sport féminin, un tabou en Arabie Saoudite

Arabie Saoudite, paroles de femmesPratiquer un sport quand on est une femme en Arabie Saoudite relève du parcours du combattant. Pourtant, dans la ville de Djeddah, au bord de la mer Rouge, il existe un club de sport créé et dirigé par une femme, Lina Almaeena.

Depuis cinq ans, Lina médiatise son combat en faveur du sport féminin, malgré les menaces de ses opposants qui n’hésitent pas à affirmer que le sport entrave la fertilité des femmes et les incite à la débauche. Mais Lina tient bon ; son club est devenu la vitrine du sport féminin en Arabie Saoudite où 500 sportives parviennent tout de même à s’entraîner.

Dénoncer les violences conjugales

Certaines femmes réussissent également à faire entendre leur voix en politique. C’est le cas de la princesse Banderi A.R. Al-Faisal, petite-fille du roi Khaled, qui a régné jusqu’en 1982. Elle est aujourd’hui la directrice de la fondation qui porte son nom. Son statut lui permet de proposer des projets de loi destinés à faire évoluer la société saoudienne, notamment en faveur des femmes. Sa campagne dénonçant les violences conjugales a fait grand bruit en Arabie Saoudite et conduit au votre d’une loi sur laquelle elle avait travaillé durant sept ans : désormais, les femmes peuvent déposer plainte contre tout abus physique ou psychologique.

Miser sur la jeune génération

En 2011, la peur d’un printemps arabe pousse le roi Abdallah à prendre des mesures radicales pour éviter un soulèvement dans son royaume. Il s’engage alors à faire entrer 30 femmes à la Choura, l’Assemblée consultative saoudienne. Le 11 janvier 2012, la Choura inaugure officiellement leur entrée ; celles-ci vont pouvoir travailler sur des projets de loi qu’elles présenteront ensuite. Un de leur cheval de bataille : le tutorat. Thoraya Ahmed Obaid en est l’un des membres : « Je crois que l’Arabie saoudite est un pays d’évolution et non de révolution. Nous progressons étape par étape. »

Dans ce pays où 60 % de la population a moins de 30 ans, les jeunes aspirent à un mode de vie bien différent de leurs parents. C’est le cas de Dina, designer et chef de chantier, qui à 28 dirige des collègues masculins. Mais cette chance, elle le doit à son employeur, un américain. Car la vraie résistance vient des saoudiens eux mêmes.

Noura et Amar, quant à eux, incarnent le couple moderne, encore très rare en Arabie Saoudite. Noura, qui a fait ses études à Londres, est directrice stratégie et marketing chez Areva. A la maison, tous deux se répartissent les tâches éducatives et ménagères. « Je ne veux pas que ma fille vive vingt ans en arrière, confie Amar, mais avec vingt ans d’avance. »

Quinze jours après le tournage de ce documentaire, le roi Abdallah mourrait. Pour les saoudiennes, c’est une page qui se tourne.

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