Littérature du Grand Nord

Homo Sapienne

Le livre de Niviaq Korneliussen, Homo Sapienne, n’est pas un roman sur les grands espaces, sur les préoccupations environnementales ou la survie culturelle du Groenland. Il ne s’adresse pas aux touristes venus visiter l’île du Grand Nord mais à ses compatriotes.

Homo Sapienne suit la vie de cinq jeunes dans la ville de Nuuk, capitale du Groenland. Ils vivent des changements profonds et racontent ce qui, jusqu’à maintenant, a été laissé sous silence : Fia découvre qu’elle aime les femmes, Ivik comprend qu’elle est un homme, Arnaq et Inuk pardonnent et Sara choisit de vivre. Sur « l’île de la colère », où les tabous lentement éclatent, chacune et chacun se déleste du poids de ses peurs. Les personnages consacrent leur temps et leur énergie à leur quête d’identité personnelle.
Niviaq Korneliussen manie une langue crue, sensible et indomptée. Elle parle du désir universel d’être soi, socialement, intimement, confiante que les cœurs et les corps sauront être vrais. Critique envers son pays, l’auteure met en évidence les marginalités sociales et culturelles qui marquent son pays aujourd’hui. « Pour les Groenlandais, c’était inédit de devoir accepter que l’un des leurs les critique, d’accepter qu’on mette en question, de l’intérieur, leurs propres positions. Pour moi, c’est en étant critique que je vise le bien pour mon pays », déclare Niviaq Korneliussen.

Née en 1990, dans le village de Nanortalik (1400 habitants) dans le sud du Groenland, Niviaq Korneliussen n’a que 23 ans lorsqu’elle écrit, en seulement quelques semaines, Homo Sapienne. Si elle n’a pas subi de préjudices lorsqu’elle a annoncé qu’elle était homosexuelle, elle a tenu à montrer, dans son livre, que la pression sociale peut pousser à se poser la question « qui suis-je ? » afin de trouver le chemin de la liberté.

Pour ce récit à la fois urbain, contemporain, queer, social et politique, le succès est immédiat, comme les critiques parfois violentes.

Homo Sapienne de Niviaq Korneliussen, Peuplade, 2018.

De pierre et d’os

Dans ce monde des confins, une nuit, une fracture de la banquise sépare une jeune femme inuit de sa famille. Uqsuralik se voit livrée à elle-même, plongée dans la pénombre et le froid polaire. Elle n’a d’autre solution pour survivre que d’avancer, trouver un refuge. Commence ainsi pour elle, dans des conditions extrêmes, le chemin d’une quête qui, au-delà des vastitudes de l’espace arctique, va lui révéler son monde intérieur.

De pierre et d’os de Bérengère Cornut, Le Tripode Attila, 2019.

Lire l’article De pierre et d’os, un récit initiatique au cœur de l’Arctique, d’une jeune inuit en quête d’identité.

 

 

30 jours au Groenland

Fleur Daugey, journaliste et éthologue, s’est embarquée sur le Manguier pour une résidence d’artiste. Le remorqueur volontairement pris dans les glaces de la banquise, l’équipage part à la découverte de cette gigantesque île et de ses habitants. L’auteure nous emmène avec elle pour comprendre les glaciers, les Inuits, une culture et un environnement extraordinaires, entre tradition et modernité. Des voyages en motoneige sous l’aurore boréale aux discussions triviales avec les autochtones, se déroule alors sous nos yeux ébahis cette île gigantesque pleine de mystères. Une belle BD documentaire illustrée par Stéphane Kiehl.

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30 jours au Groenland de Fleur Daugey, Actes sud junior, 2019.