Le destin d’Hannah Arendt en bande dessinée

Raconter en images le destin exceptionnel d’Hannah Arendt : le défi était de taille pour Béatrice Fontanel et Lindsay Grime. Si elles parviennent à retracer les moments forts de sa vie, elles ont choisi une chronologie qui déroute parfois le lecteur. J’aurais également apprécié davantage de liens avec l’œuvre d’Hannah Arendt à peine évoquée ici. Ainsi, du procès d’Eichmann qu’elle suivit pour le New Yorker, nous ne saurons rien de ses prises de position. Or, les cinq articles intitulés « Eichmann à Jérusalem » publiés de février à mars 1963 provoquèrent une polémique sans précédent qui lui valurent insultes et isolement.

hannah-arendt-bande-dessineeN’en reste pas moins que les illustrations sont réussies et la personnalité d’Hannah Arendt bien analysée. Déterminée, battante, elle dédia sa vie au travail et à l’écriture. Tout entière tournée vers une « politique de l’irreprésentable » requérant à chaque instant la capacité de « juger et de décider », elle confiait en1973 à la télévision française : « Il n’existe pas de pensée dangereuse pour la simple raison que le fait de penser est en lui-même une entreprise très dangereuse. Mais ne pas penser est encore plus dangereux ».

A défaut d’être d’une réussite, cette bande dessinée nous donne envie de relire l’œuvre d’Hannah Arendt.

 A lire :

  • Béatrice Fontanel et Lindsay Grime, Hannah Arendt, Naïve, collection « Grands destins de femmes », 2015.