Incredible India : de Bombay à Cochin

Etonnante, éblouissante, déconcertante aussi, énervante souvent… Voici les mots qui me viennent à l’esprit quand il s’agit de qualifier l’Inde, pays aux multiples facettes, pays de tous les contrastes. Evoquer l’Inde, c’est entendre tout et son contraire. Pas de demi-mesure. On adore ou on déteste. De fait, cette destination suscitait ma curiosité mais était loin d’être une priorité tant la préparation de ce voyage me semblait compliqué ; je manquais de repères et avais certainement peur des « galères ».

Et pourtant, j’ai eu l’occasion de découvrir Bombay et Cochin en 2011. Une de mes très proches amies, professeur d’histoire et passionnée de voyages, s’était installée à Bombay ; elle m’y a invitée. Ma décision, comme mon billet d’avion, a été vite prise. Après neuf heures de vol, j’ai débarqué dans cette ville impressionnante, tentaculaire, bruyante

Petite histoire de Bombay

Fondée en 1661 par les Anglais sur des îlots de la côte ouest, Bombay a longtemps servi de comptoir et de garnison. Son premier essor est lié aux commerces du coton et de l’opium, durant le 19e siècle. Le second essor s’est basé sur l’industrie cotonnière, née en 1856, et qui domina plus d’un siècle. Le 20esiècle fut pour Bombay celui des turbulences : mouvement national, troubles liés aux épidémies, émeutes intercommunautaires, grèves générales. Parmi les affrontements opposant hindous et musulmans, ceux de 1984 et de 1993, sont les plus terribles. Depuis 1993, Bombay est devenue aussi la principale cible des attaques terroristes en Inde, comme en témoignent les attentats de juillet 2006 (plus de 200 morts) et de novembre 2008 (plus de 170 morts).

Rebaptisée Mumbai en 1995, sur les instances des mouvements maharashtriens, la métropole perd son caractère industriel même si on trouve encore 1500 grandes entreprises (textile, chimie, métallurgie, électronique…) et 20 000 petites unités (vêtements, plastique, diamants…). Ce nom de Mumbai d’origine marathi provient de la déesse Mumba, vénérée par les premiers résidents koli. Depuis l’indépendance, la population est passée de 1,5 à 18 millions d’habitants (limites de la Région métropolitaine), ce qui fait de Bombay la ville la plus peuplée d’Inde. Aujourd’hui, ce sont les services, au premier rang desquels le commerce, la finance, l’informatique et l’hôtellerie de luxe qui ont pris le relais. L’industrie cinématographique joue également un rôle central.

L’île de Mumbai

Mumbai, la capitale du Maharashtra, est une île reliée au continent par des ponts. L’épicentre touristique de Bombay s’étend à la pointe sud de la péninsule. On peut y découvrir la porte de l’Inde, arc de triomphe imposant en basalte qui fait face au port de Bombay. Inspiré des styles musulmans du Gujarat du 16e siècle, il fut construit pour commémorer la visite du roi George V en 1911, et achevé en 1924. Ironie de l’histoire : il servit 24 ans plus tard à l’ultime parade des régiments britanniques alors que l’Inde marchait vers l’indépendance.

A proximité, se trouve le Taj Mahal Palace et Tower, hôtel somptueux et l’un des monuments les plus célèbres de Bombay. Faisant face au port, il fut construit en 1903 par l’industriel parsi* J. N. Tata après que celui-ci eut été refusé à l’entrée d’un hôtel européen au seul motif qu’il était indien.

Le quartier du fort ou le néogothique à l’honneur

Parmi les incontournables, la gare Chhatrapati Shivaji Terminus(CST, Victoria terminus). C’est le bâtiment néogothique le plus extravagant de la ville. Elle fut achevée en 1887, soit 34 ans après le départ du premier train. Aujourd’hui, c’est la gare ferroviaire la plus fréquentée d’Asie. Elle a été inscrite en 2004 au patrimoine mondiale de l’Unesco.

Au nord de la gare, prenez votre temps pour déambuler dans le dédale des bazars. Un coup de cœur pour le marché des soieries et des tissus.

A découvrir également la Cour suprême, élégant bâtiment néogothique de 1848. Inspirée d’un château allemand, elle fut manifestement conçue pour dissiper tout doute sur l’autorité de la justice rendue à l’intérieur. Des tailleurs de pierre locaux voyaient sans doute les choses différemment et sculptèrent sur l’un des piliers un singe borgne jouant avec la balance de la justice. Encore de style néogothique, l’Université de Mumbai, édifiée au milieu des palmiers, a été conçue par Gilbert Scott, l’architecte de la gare londonienne de Saint-Pancras.

C’est aussi dans ce quartier que l’on peut voir le plus vieil édifice anglais de Bombay encore debout : la Cathédrale Saint-Thomas. Sa construction dura de 1672 à 1718. L’architecture mêle des éléments byzantins et coloniaux ; et l’intérieur, aéré et blanchi à la chaux, regorge de souvenirs du Raj. Les inscriptions sur certaines tombes révèlent que de nombreux colons moururent très jeunes du paludisme.

Quartier de Chowpatty : vue sur mer

Aménagé sur les terres asséchées de Back Bay en 1920, Marine drive longe la mer d’Oman depuis Nariman Point et Chowpatty beach jusqu’au pied de Malabar Hill, quartier le plus huppé avec gratte-ciel et palais privés. Bordée d’immeuble art déco, c’est l’une des promenades les plus fréquentées de la ville au coucher du soleil.

La plage de Chowpatty demeure en soirée le rendez-vous préféré des amoureux, des familles, des réunions politiques, de tout habitant désireux de respirer l’air de la mer. Vous ne verrez personne en maillot de bain, codes culturels obligent ; de plus, il est inenvisageable de se baigner car l’eau est polluée.

Flottant au large de la côte, la mosquée de Haji Hali est l’un des sanctuaires les plus remarquables de Bombay. Bâtie au 19e siècle sur l’emplacement d’un édifice du 15e siècle, elle contient le tombeau du saint musulman Haji Ali. Selon la légende, il mourut lors d’un pèlerinage à La Mecque et son cercueil flotta miraculeusement jusqu’à cet endroit. Une longue chaussée en béton se jette dans la mer d’Arabie et rejoint la mosquée. A marée haute, l’eau recouvre la chaussée et la mosquée devient une île.

Vers Cochin

* parsis : signifie persans. Parsis est l’appellation des mazdéens originaires d’Iran établis de longue date en Inde, où ils sont reconnus comme une minorité. Ils forment une communauté prospère.

Sources :

  • Inde du sud, lonely planet
  • Collectif, Dictionnaire de l’Inde, 2009.

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