Unorthodox, la nouvelle mini-série de Netflix, est une réussite ! En seulement quatre épisodes, les créatrices racontent l’incroyable histoire d’Etsy, juive ultra-orthodoxe qui fuit la communauté hassidique de Williamsburg pour vivre libre à Berlin. Une série qui ouvre les portes d’un monde impénétrable et méconnu. Bouleversant.
Le voyage initiatique d’une juive ultra-orthodoxe en quête de liberté
Esther Shapiro, surnommée Etsy, fuit la communauté ultra-orthodoxe de Williamsburg, à Brooklyn, pour vivre à Berlin une vie plus libre et poursuivre un rêve : celui de devenir pianiste. Elle y croise une bande de jeunes musiciens qui la prend sous son aile. Avec eux, elle découvre les sorties dans des bars, l’amitié, la différence … Son mari, Yanky, va tenter de la retrouver et de la convaincre de rentrer avec lui.
A Berlin, son passé vient la hanter : son enfance, sa famille, son mariage à l’âge de 18 ans… Des flashback qui permettent au spectateur de comprendre les raisons de sa fuite. Cette construction narrative met en évidence deux mondes que tout oppose et nous fait pénétrer dans un monde méconnu de beaucoup d’entre nous.
Unorthodox révèle le quotidien des juifs ultra-orthodoxes, organisé autour de la religion et de la famille, et met en lumière le statut de la femme au sein de cette communauté.
Etre une femme au sein de la communauté hassidique
Avec Unorthodox, le spectateur découvre une communauté fonctionnant à huit-clos, repliée sur elle-même et ancrée dans ses traditions, ses croyances et ses rituels. Hantés par la Shoah, les hassis ont pour mission d’œuvrer au remplacement des millions de juifs exterminés pendant la Seconde Guerre mondiale.
Ici, les familles font appel à des marieuses afin d’unir en bonne et due forme leurs enfants, en général encore très jeunes au moment de leur union. Mariées, les femmes n’ont plus qu’un seule rôle : celui d’enfanter. Elles vivent recluses, s’occupent de leur nombreuse progéniture et n’ont pas d’accès à des loisirs. Elles n’ont pas le droit de chanter ni de jouer de la musique. Une vie d’entre-soi alimentée par les ragots quotidiens.
Etre une femme au sein de cette communauté, c’est aussi suivre des rituels qui régissent la féminité et la sexualité. Les cheveux étant considérés comme impurs, elles se rasent la tête et portent perruques et foulard. De ce rituel, après le mariage, les créatrices de la série en ont tiré une scène bouleversante presque choquante.
Lorsque la femme a ses règles, elle est considérée comme impure ; mari et femme dorment alors dans des lits séparés. Elles doivent ensuite se rendre au mikvé, bain qui les purifie avant de pouvoir « réintégrer » le lit conjugal. Les femmes portent des vêtements sombres qui dissimulent le corps. Quant à la sexualité, elle reste taboue et a avant tout un objectif, celui de procréer.
Les femmes vivent entre quatre murs et sortent très peu, au sein d’un espace délimité. Cet enfermement, oppressant, est extrêmement bien décrit dans la série.
Unorthodox, une histoire vraie
L’histoire d’Etsy est inspirée de celle de Deborah Feldman, qui l’avait racontée dans le best-seller Unorthodox : the scandalous rejection of my Hassidic roots, paru en 2012. Méconnu en France, l’ouvrage avait, à l’époque, ouvert les yeux sur le mode de vie et les pratiques des communautés hassidiques aux États-Unis. Deborah Feldman a par ailleurs participé à la création et à l’écriture de cette mini-série Netflix.
Esther est jouée par Shira Haas, actrice israélienne de 24 ans, qui signe une prestation vibrante et incarnée. Unorthodox est la première série de Netflix à avoir été tournée en yiddish.
Cette série dresse le très beau portrait d’une jeune femme qui ose défier l’ordre établi. Sa fuite va devenir un voyage initiatique à l’issue duquel Etsy va trouver la paix et la liberté.