Manifestation pacifiste des militantes anglaises réclamant le droit de vote dans les rues de Londres : une image maintes fois utilisée pour évoquer le combat des suffragettes, et pourtant si réductrice ! Quand au début du 20e siècle, en Angleterre, les femmes de toutes conditions se rendent compte que leurs actions pacifistes ne donnent rien alors que les réactions du gouvernement à leur égard sont de plus en plus violentes, elles optent pour une lutte plus radicale, les obligeant à entrer dans la clandestinité.
C’est sur cette période que revient Sarah Gavron, la réalisatrice du film Les Suffragettes. Dans ce combat pour l’égalité, elles sont prêtes à tout risquer : leur travail, leur maison, leurs enfants, et même leur vie. Maud, incarnée par Carey Mulligan, est l’une de ces femmes. Jeune, mariée, mère, ouvrière, elle va se jeter dans le tourbillon d’une histoire que plus rien n’arrêtera…Maud intègre le Women’s Social and Political Union créé par Emmeline Pankhurst et sa fille Cristabel en 1903 à Manchester. Avec les WSPU, Emmeline Pankhurst pense alors faire pression sur le Parti travailliste indépendant, fondé Keir Hardie en 1893, et sur les libéraux. Mais Mais les uns et les autres refusent d’inscrire le vote féminin à leur programme.
Risquer sa vie pour le droit de vote
A partir de ce moment-là, les suffragettes vont se radicaliser et user de moyens controversés : briser des vitres, couper des lignes téléphoniques, détruire le contenu de boîtes aux lettres, etc. En 1906, des militantes du WSPU forcent les portes du Parlement ; en 1908, elles s’enchaînent à ses grilles. Dans un bref témoignage datant de cette même année, Emmeline Pankhurst justifie pleinement le recours à la violence par l’échec des méthodes légales : « Nous avons entrepris cette action parce que nous nous rendons compte que la condition faite à notre sexe est tellement lamentable qu’il est même de notre devoir d’enfreindre la loi pour attirer l’attention sur les raisons qui nous font agir ainsi. »
En 1910, elles brisent à coups de pierre les fenêtres du ministère de l’Intérieur : condamnées pour conspiration contre la sûreté de l’Etat, Emmeline et ses compagnes entament une grève de la faim. Une stratégie utilisée désormais à chaque arrestation mais aux conséquences désastreuses : nourries de force en prison, nombreuses sont les militantes qui en ressortiront très affaiblies. A la suite de plusieurs incarcérations, Lady Lytton finira paralysée de tout le côté droit du corps.
En 1912-1913, lors d’une campagne spectaculaire, la WSPU tente de brûler les maisons de membres du gouvernement. A la suite de quoi, certaines militantes quittent le WSPU, d’autres sont expulsées, beaucoup sont arrêtes et subissent un terrible emprisonnement. En 1913, encore, Emily Davison meurt en se jetant, enveloppée de la bannière du WSPU, sous les sabots des chevaux lors du derby d’Epson. C’est avec cet épisode d’ailleurs que Sarah Gavron a choisi de terminer son film.
Finalement, les actions des suffragettes finiront par être payantes : en 1918, les Anglaises de plus de 30 ans peuvent enfin voter.
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A voir :
Les Suffragettes, sorti le 18 novembre 2015.