Le documentaire Les guerres de Coco Chanel retrace le parcours de cette créatrice de génie, femme ambitieuse et libre avant tout. Une incroyable réussite qui comporte aussi ses zones d’ombre. Car, ce que l’on sait moins, c’est que Gabrielle Chanel était antisémite et pronazie. Ces différentes facettes de Coco Chanel, Jean Lauritano les met en lumière dans ce portrait documentaire nourri d’une foule d’archives. Disponible gratuitement jusqu’au 29 février sur le site d’Arte. Avec en voix off, le comédien Lambert Wilson.
Détermination et liberté
1970. Alors que Coco Chanel, 87 ans, est au crépuscule de sa vie, la vieille dame chic au collier de perles s’entretient avec Jacques Chazot. « Je me suis toujours battue« , lâche l’éternelle « Mademoiselle », confite dans sa légende. Fille d’une lingère morte prématurément et d’un colporteur qui l’abandonne, la petite Gabrielle, née en 1883, est placée comme domestique à 12 ans chez une cousine, avant de prendre ses jambes à son cou pour fuir un mariage arrangé.
Le début d’une guerre solitaire sans fin, qui entraîne d’abord la jeune aventurière à Moulins, où elle apprend le jour les rudiments de la couture et chante le soir au cabaret, arrondissant ses fins de mois au bras de messieurs sensibles à son charme androgyne, dont Étienne Balsan, un éleveur de chevaux, et Arthur Capel, un joueur de polo anglais. Si ces protecteurs lui entrouvrent les portes du monde, cette pionnière doit à son extraordinaire talent de se hisser au sommet, révolutionnant la mode de son temps par l’épure et libérant les femmes de leur corset à la veille des Années folles.
Icône controversée
Farouchement indépendante, l’autoritaire directrice de la maison de la rue Cambon, qui jauge ses collections de son célèbre escalier couvert de miroirs, n’en est pas moins foncièrement conservatrice. Affolée par le Front populaire comme par la menace bolchevik, elle se rend, pendant la Seconde Guerre mondiale, coupable de « collaboration horizontale » avec un diplomate allemand, avant d’être soupçonnée d’intelligence avec l’ennemi à la Libération et de s’exiler en Suisse. Elle continuera pourtant d’entretenir des relations avec son amant nazi et avec le général Schellenberg qu’elle soutiendra à sa sortie de prison et jusqu’à son décès.
En 1949, les poursuites sont abandonnées. Coco Chanel revient en France. À son retour, Dior est sacré nouveau prince de la haute couture. Pour autant, la reine, déchue mais non vaincue, crée encore un chef-d’œuvre, son emblématique tailleur en tweed.
Extrême solitude
Etienne Balsan, Boy Capel, le duc de Westminster, Paul Iribe, Igor Stravinsky … Toute sa vie, Coco Chanel multiplia les conquêtes, des histoires plus ou moins durables. Très souvent, elle mit la main au portefeuille pour soutenir ses amants. Elle qui avait choisi l’indépendance, la liberté, ne s’est jamais mariée. Peut-être parce qu’aucun homme ne le lui demanda. Boy Capel finira par se marier avec quelqu’un de son rang ; de même, le duc de Westminster refusera à Gabrielle Chanel le titre de duchesse et en épousera une autre.
Le 10 janvier 1971, Coco Chanel rend les armes, seule. Elle est enterrée à Lausanne, selon ses dernières volontés. Sa tombe, qu’elle a elle-même dessinée, occupe pas moins de quatre parcelles, histoire d’être tranquille mais aussi éternellement seule.
En guise de conclusion, Jean Lauritano choisit les propos acerbes de Françoise Sagan qui jugeait Coco Chanel « épouvantable de méchanceté, de cruauté et d’antisémitisme« . Certainement un fond de vérité !
A lire également :
Bibliographie :
- FIEMEYER (Isabelle), Coco Chanel. Un parfum de mystère, Petite bibliothèque Payot, 2004.
- GIDEL (Henry), Coco Chanel, J’ai lu, 2002.
- HAEDRICH (Marcel), Coco Chanel, Gutenberg, 2008.
- LEBRUN (Jean), Notre Chanel, Pluriel, 2016.
- MORAND (Paul), L’Allure Chanel, Hermann, 1976.
- PONCHON (Henrie), L’enfance de Chanel, Bleu Autour, 2016.
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