Surnommée la « Garbo des airs » dans les années 30, Jean Batten (1909-1982) fut l’une des plus grandes aviatrices de son époque. A tout juste 31 ans, elle mit fin à sa carrière et choisit de vivre dans l’anonymat pour le restant de ses jours, jusqu’à tomber dans l’oubli. L’écrivain Fiona Kidman lui redonne vie en brossant un portrait vif et extrêmement romanesque.
Très tôt, Jean Batten se mit en tête d’apprendre à voler, inspirée par l’Australien Charles Kingsford Smith qui la prit pour un vol dans son Southern Cross. A l’âge de 20 ans, elle quitte son pays natal, la Nouvelle-Zélande, pour l’Angleterre et rejoint le London Aeroplane Club. En 1930, Jean Batten obtient son brevet de pilote et réalise son premier vol en solo.
Quatre ans plus tard, après deux tentatives manquées pour rejoindre l’Australie, elle relie enfin l’Angleterre à l’Australie à bord de son Gipsy Moth. Son voyage de 14 jours et 22 heures bat de plus de quatre jours le précédent record détenu par l’aviatrice anglaise Amy Johnson. A seulement 26 ans, elle devient en 1936 la première personne à voler d’Angleterre jusqu’en Nouvelle-Zélande, « d’un bout de l’Empire à l’autre » disait-elle.
Des exploits qui lui valent de recevoir de nombreuses distinctions. En 1935, elle partage le trophée international Harmon pour « le vol le plus remarquable réalisé par une femme » avec Amelia Earhart, puis le décroche de nouveau en 1936 et 1937. En 1938, elle reçoit la médaille de la Fédération Aéronautique Internationale, la plus haute distinction du monde de l’aviation.
Pourtant, Jean Batten met fin à sa carrière en 1940 alors que son avion, le Gull, est réquisitionné et qu’on lui refuse sa participation active à l’effort de guerre. Elle se retire de la vie publique et vit recluse avec sa mère jusqu’à la mort de cette dernière en 1965.
Nombreux sont les hommes qui tombèrent sous le charme de cette femme aux allures d’actrice de cinéma. Marquée par un père volage, Jean Batten se méfia toujours des hommes. Et quand enfin elle trouva le grand amour, celui-ci, également pilote, disparut lors d’un vol commercial.
Adulée à chacune de ses tournées, Jean Batten a fait la Une des journaux du monde entier. Ame solitaire, « elle n’avait peur de rien ou presque sur la terre ferme, c’est dans l’immensité de l’air seulement qu’il lui arrivait de comprendre le danger ».
Fiona Kidman, Fille de l’air, Points, 2018.