« Gros » n’est pas un gros mot !

Daria Marx, je l’ai découverte au micro de Lauren Bastide dans La Poudre. J’ai aimé son franc-parler, sa manière bien à elle de parler des « gros ». Elle raconte sans détours les troubles du comportement alimentaire dès l’enfance, la boulimie, l’hyperphagie, son burn-out, la détection de sa bipolarité, les maltraitances gynécologiques faites aux femmes grosses… Son histoire, son engagement aussi, m’ont donné envie de lire l’ouvrage qu’elle a écrit avec Eva Perrez Bello, Gros n’est pas un gros mot. Chroniques d’une discrimination ordinaire, publié en avril dernier.

120 pages qui déconstruisent les clichés entourant les « gros » et posent les bases nécessaires à une prise de conscience collective et au changement des mentalités. Basé sur des études scientifiques et illustré de témoignages, ce livre dresse un tableau de l’ensemble des discriminations dont son victimes les « gros » au quotidien : pendant leurs études, quand ils cherchent un travail, pour s’habiller, se soigner, se déplacer, se faire prescrire une contraception… Et aussi de la part de leurs proches, familles ou amis. Bref, mis au ban de la société.

Car pour beaucoup, c’est une question de volonté. Le gros est gros car il mange trop. Certes mais ce raisonnement est un peu facile, non ? Les causes de l’obésité sont évidemment multiples et bien souvent entremêlées. Tout d’abord, il y a les déterminants sociaux. En France, les régions les plus pauvres sont celles où l’on trouve le plus de personnes obèses. D’autre part, des recherches ont montrée que le facteur génétique est favorisant dans l’obésité. Quant au rôle de la famille, il est primordial. En France, l’âge moyen du premier régime est 8 ans. De quoi s’interroger… 80% des obèses souffrant de troubles du comportement alimentaire reconnaissent d’ailleurs qu’ils ont évolué dans des climats infantiles hostiles.

Aujourd’hui, l’obésité n’est pas considérée comme une maladie ; c’est pourtant une pandémie et un véritable enjeu de santé publique. Depuis 1975, le nombre d’obèses sur la planète a presque triplé. En France, 15,3% de la population adulte est obèse contre 8,5% en 1997. D’ici 2030, l’OCDE estime que la proportion d’obèses pourrait atteindre 21% (47% pour les Américains).

Il est donc temps d’adapter nos comportements et nos structures et de revoir nos préjugés. Non les gros ne détestent pas le sport, ne se négligent pas, n’avalent pas 10 000 calories par jour !

A lire : Daria Marx et Eva Perrez Bello, Gros n’est pas un gros mot. Chroniques d’une discrimination ordinaire, Librio, 2018.