Fasciné par la photographie, l’écrivain britannique William Boyd lui rend une nouvelle fois hommage avec son roman Les vies multiples d’Amory Clay (1908-1983). Cette biographie d’une photographe au parcours éclectique confirme son talent dans le « mentir-vrai » en proposant un livre très réaliste qui questionne la place des femmes photographes au 20e siècle.
Un roman à la première personne
Affublée d’un prénom d’homme à sa naissance par son père qui désire un héritier, Amory Clay se prépare à un avenir plutôt brillant, jusqu’au jour où ce père, ancien combattant, essaie de se tuer et elle avec. Un tel traumatisme vous force à voir les choses différemment. Exit la prestigieuse université. Amory se lance dans la photographie mondaine auprès de son oncle, celui-là même qui lui a offert son premier appareil.
Puis c’est le départ pour Berlin. Amory photographie le milieu de la nuit, les bordels, les prostituées. Elle sort enfin de l’anonymat. Mais à quel prix ! Son exposition en 1930 à Londres fait scandale ; elle est jugée pour obscénité.
Une femme libre
Amory Clay va vivre aux Etats-Unis, être photographe de mode ou reporter de guerre, au gré de ses rencontres amoureuses mais toujours en femme libre. Elle fait les frais du fascisme en Angleterre dans les années 30, intègre la haute société écossaise dans les années 50 avant de couvrir la guerre du Viêtnam. Elle aura des amants, un mari mais assumera jusqu’à la fin ses choix.
La photographie au cœur du roman
William Boyd donne un caractère très réaliste à son roman en le ponctuant de photos d’anonyme qui retracent le parcours de cette femme photographe. Ce livre nous rappelle la place des femmes, notamment en tant que reporter de guerre, dans le monde de la photographie. Elles sont sa source d’inspiration comme le souligne la note de remerciements à la fin du livre.