Littérature chinoise

De la Révolution culturelle maoïste aux nuits shanghaïennes des années 90, la littérature chinoise se conjugue depuis plus d’un siècle au féminin et n’a de cesse de se renouveler. Tout au long du XXe siècle, de très belles plumes féminines, méconnues en Occident, ont émergé en Chine.

« La littérature chinoise est étroitement liée à l’histoire politique de ce pays qui a toujours alterné périodes d’ouverture et périodes de repli », explique Geneviève Imbot-Bichet, directrice des éditions Bleu de Chine. Ainsi, en 1919, lors du mouvement du 4 Mai, la jeunesse étudiante remet en cause la société traditionnelle et prône l’émancipation des femmes. La Chine s’ouvre à la modernité en s’inspirant de l’Occident. Les écrivaines chinoises nées dans les années cinquante auront moins de chance, la Révolution culturelle ayant raison de leurs ambitions littéraires; quelques écrivaines de cette « génération sacrifiée  se sont exilées et ont parfois adopté la langue de leur pays d’accueil. Dans les années 90,c’est un tout autre univers, une plongée « sex, drug and rock’n roll » dans l’empire du Milieu que nous proposent en particulier deux jeunes femmes.

Jung Chang (1952-)

Née à Yibin, dans la province du Sichuan, Jung Chang a été brièvement Garde rouge à l’âge de 14 ans, puis successivement paysanne, docteur « aux pieds nus », ouvrière dans la sidérurgie et électricienne avant de devenir étudiante en anglais et plus tard, professeur à l’université du Sichuan.

En 1978, Jung Chang a quitté la Chine pour l’Angleterre et a bénéficié d’une bourse à l’université de York où elle a obtenu un doctorat de linguistique en 1982. Elle est la première personne sortie de la république populaire de Chine à avoir reçu un doctorat d’une université britannique.

Les Cygnes sauvages ont été traduits en 28 langues et vendus à plus de 9 millions d’exemplaires dans le monde. Il a été élu en 1992 meilleur livre de non-fiction du Writer’s Guild en Angleterre et couronné en 1993 Book of the Year. Elle a co-écrit avec Jon Halliday une biographie de Mao en deux tomes ainsi qu’un livre sur l’impératrice Cixi.

Les cygnes sauvages

Autobiographique, Les Cygnes sauvages retrace l’histoire de trois générations de femmes dans la Chine du 20e siècle. Jung Chang raconte tout d’abord la vie de sa grand-mère née en 1909. Victime de la tradition des pieds bandés, celle-ci devient, à l’âge de quinze ans, la concubine d’un « Seigneur de la guerre ». Sa mère, née en 1931, ardente partisane du nouveau régime, épouse un fonctionnaire communiste. Un statut privilégié qui permet à l’auteur de recevoir une éducation de qualité et de bénéficier de certains privilèges.

Jusqu’à la Révolution culturelle… Ses parents, reconnus coupables d’être des ennemis du peuple, sont internés dans un camp de rééducation tandis que Jung Chang est déportée à la campagne où elle sera paysanne, « médecin aux pieds nus », ouvrière…

Une écriture sensible et un témoignage indispensable sur ce que fut la Révolution culturelle.

Wei Wei (1957-)

Wei-Wei est née en 1957 à Guangxi, au sud de la Chine. Adolescente, Wei-Wei voulait devenir médecin. Mais la Révolution culturelle en a décidé autrement. L’été 1974, alors qu’elle a dix-sept ans, elle est envoyée à la campagne en rééducation. Deux ans plus tard, on lui annonce qu’elle entre à l’Université. Mais ce ne sera pas celle de médecine tant convoitée, à moins d’affirmer sa loyauté envers le Parti et de rompre avec sa mère reconnue comme droitiste pendant la Révolution culturelle. Wei-Wei choisit le français. Elle poursuit ensuite ses études à l’Université de Pékin avant d’obtenir une bourse pour étudier à  la Sorbonne en 1987. Après ses études, elle a séjourné à Paris puis près de Manchester. Elle écrit en français.

Une fille Zhuang

Une fille Zhuang est un livre autobiographique. Wei-Wei raconte son entrée à l’université pour étudier le français. Mais quand elle y pense, la France lui évoque bien peu de choses : en fouillant dans sa mémoire elle finit par retrouver une vague trace de… Napoléon. C’est bien peu pour motiver une jeune fille qui se destinait à la médecine ! Et pourtant Wei-Wei, avec sa force de vie, son enthousiasme et son intelligence ouverte sur le monde, s’applique avec conscience, jusqu’au moment où elle s’aperçoit que les textes étudiés sont des textes chinois, laborieusement traduits par des Chinois ! A force d’obstination, elle finit par dégoter dans une bibliothèque le tome 2 des Misérables et se plonge dans la découverte d’un grand écrivain.

Une fille Zhuang est un très beau roman d’apprentissage et… d’amour, puisque Wei-Wei réussira à aimer notre langue comme à imposer son amoureux à ses parents, qui pourtant lui destinaient un autre fiancé. Mais là, Wei-Wei sera enfin maître de son destin.

Wei-Wei, Une fille Zhuang, Editions de l’Aube, 2006.

La couleur du bonheur

La couleur du bonheur raconte le destin de trois générations de femmes chinoises, qui traversent l’Histoire de leur pays. Mei-Li, née dans les années 20, est mariée de force à l’âge de 16 ans, à un homme handicapé et aveugle, et qu’elle ne connaît pas. Esclave au sein d’une belle famille autoritaire, elle quitte tout pour rejoindre sa fille et ses petits-enfants alors que son gendre a été envoyé en camp de rééducation par le régime maoïste. Ensemble, les deux femmes affrontent la misère et les persécutions. Cuisinière hors-pair, conteuse de talent, Mei-Li ramène la joie dans cette famille brisée.

Wei-Wei, La couleur du bonheur, Editions Points, 2010.

 

Xinran (1958-)

Pendant la révolution culturelle, elle et son frère sont enlevés par les Gardes rouges, à leurs parents jugés « réactionnaires » et envoyés dans un orphelinat réservé aux enfants de « chiens à la solde de l’impérialisme ».
 A partir de 1983, la Chine recherche des personnes pour développer la télévision et la radio, capables de diriger des émissions de débat éducatives tout en s’assurant que les sujets « interdits » sont évités. Xinran devient productrice à la radio mais anime aussi une émission, Mots sur la brise nocturne, diffusée quotidiennement entre 22 heures et minuit.

En 1997, elle décide de quitter la Chine et s’installe en Angleterre. Elle s’y marie et a un fils.
 En 2002, Xinran publie son premier livre, un recueil des témoignages recueillis des années plus tôt dans son émission de radio. Il parait en France aux éditions Philippe Picquier sous le titre Chinoises, en 2003. Depuis la publication de ce livre, Xinran est connue dans le monde entier. En 2005, elle publie une colonne bimensuelle dans The Guardian sur les questions relatives à la Chine et tient le rôle de conseiller aux relations avec la Chine pour de grandes corporations comme la BBC.

Chinoises

Xinran_ChinoisesDe 1989 à 1997, Xinran a présenté chaque nuit à la radio chinoise une émission où elle invitait des femmes à parler d’elles-mêmes, sans tabou. Epouses de hauts dirigeants du Parti ou paysannes du fin fond de la Chine, elles disent leurs souffrances incroyables : mariages forcés, viols, familles décimées, pauvreté ou folie… Elles disent aussi comment, en dépit des épreuves, elles chérissent et nourrissent ce qui leur reste.

Des confidences de ses femmes dominées, brutalisées, sacrifiées parfois pour la vie, Xinran en a tiré un livre Chinoises.Xinran les a rencontrées et écoutées, défiant les restrictions imposées aux journalistes. Dans une société où toute discussion publique, ou toute expérience privée était étroitement circonscrite, l’émission personnelle, curieuse et émotionnellement honnête de Xinran devint aussi un moyen de relancer parmi ses auditeurs le désir de communiquer des sentiments non convenus. Xinran évoque aussi sa vie indirectement, à travers une galerie de portraits de femmes chinoises ayant traversé la période tragique de 1940 à 1996.

Xinran, Chinoises, Editions Picquier, 2003.

Funérailles célestes

Funérailles célestes est une histoire d’amour et de perte, de loyauté et de fidélité au-delà de la mort. Xinran dresse le portrait exceptionnel d’une femme et d’une terre, le Tibet, toutes les deux à la merci du destin et de la politique.

En 1956, Wen et Kejun sont de jeunes étudiants en médecine, remplis de l’espoir des premières années du communisme en Chine. Par idéal, Kejun s’enrôle dans l’armée comme médecin. Peu après, Wen apprend la mort de son mari au combat sur les plateaux tibétains. Refusant de croire à cette nouvelle, elle part à sa recherche et découvre un paysage auquel rien ne l’a préparée – le silence, l’altitude, le vide sont terrifiants. Perdue dans les montagnes du nord, recueillie par une famille tibétaine, elle apprend à respecter leurs coutumes et leur culture.

Après trente années d’errance, son opiniâtreté lui permet de découvrir ce qui est arrivé à son mari… Quand Wen retourne finalement en Chine, elle retrouve un pays profondément changé par la Révolution culturelle et Deng Xiaoping. Mais elle aussi a changé : en Chine, elle avait toujours été poussée par le matérialisme ; au Tibet, elle a découvert la spiritualité.

Xinran, Funérailles célestes, Editions Picquier, 2005.

Baguettes chinoises

« Je vais leur montrer, moi, à tous ces villageois, qui est une baguette et qui est une poutre ! » C’est ce cri qui a donné envie à Xinran d’écrire cette histoire. Celle, lumineuse, chaleureuse, émouvante, de trois sœurs qui décident de fuir leur campagne et le mépris des autres, pour chercher fortune dans la grande ville.
Sœurs Trois, Cinq et Six n’ont guère fait d’études, mais il y a une chose qu’on leur a apprise : leur mère est une ratée car elle n’a pas enfanté de fils, et elles-mêmes ne méritent qu’un numéro pour prénom. Les femmes, leur répète leur père, sont comme des baguettes : utilitaires et jetables. Les hommes, eux, sont les poutres solides qui soutiennent le toit d’une maison.
Mais quand les trois sœurs quittent leur foyer pour chercher du travail à Nankin, leurs yeux s’ouvrent sur un monde totalement nouveau : les buildings et les livres, le trafic automobile, la liberté de mœurs et la sophistication des habitants… Trois, Cinq et Six vont faire la preuve de leur détermination et de leurs talents, et quand l’argent va arriver au village, leur père sera bien obligé de réviser sa vision du monde.
C’est du cœur de la Chine que nous parle Xinran. De ces femmes qui luttent pour conquérir une place au soleil. De Nankin, sa ville natale, dont elle nous fait voir les vieilles douves ombragées de saules, savourer les plaisirs culinaires et la langue truculente de ses habitants. Et d’un pays, une Chine que nous découvrons par les yeux vifs et ingénus des trois sœurs, et qui nous étonne et nous passionne car nous ne l’avions jamais vue ainsi.

Xinran, Baguettes chinoises, Editions Picquier, 2008.

Messages de mères inconnues

Une fois de plus, Xinran nous emmène au cœur de la vie des femmes chinoises – étudiantes, femmes d’affaires, sages-femmes, paysannes – toutes hantées par des souvenirs qui ont marqué leur vie d’une empreinte indélébile. Que ce soit à cause de la politique de l’enfant unique, des traditions séculaires destructrices ou de terribles nécessités économiques, des femmes ont été contraintes de donner leurs filles en adoption, d’autres ont du les abandonner – dans la rue, aux portes des hôpitaux, dans les orphelinats ou sur des quais de gare –, à d’autres encore, on a enlevé leurs petites filles à peine nées pour les noyer.
Ces récits, Xinran n’avait jusqu’à présent jamais pu se résoudre à les rapporter – ils étaient trop douloureux et la touchaient de trop près. A toutes les petites chinoises qui ont été adoptées à l’étranger, ce livre adresse un message poignant, pour leur montrer ce que leurs mères ont réellement vécu et pour leur dire qu’elles ont été aimées et ne seront jamais oubliées.

Xinran, Messages de mères inconnues, Editions Picquier, 2011.

Mon article sur ce livre : Messages de mères inconnues : au cœur de la vie des femmes chinoises

Mian Mian (1970-)

 Mian Mian (“Coton”, nom d’artiste de Shen Wang) est née en 1970 à Shanghai dans une famille d’intellectuels. Son père est ingénieur, sa mère enseigne le russe. Lorsqu’elle a quinze ans, le suicide d’une amie de classe provoque en elle un bouleversement total. Elle se met à écrire et abandonne le lycée l’année suivante. Puis fuit en 1989, en quête d’expériences, dans une ville en pleine expansion où “s’enrichir est glorieux” (Shenzhen) et où elle reste cinq ans : Mian Mian n’aime pas parler de cette période.

De retour à Shanghai en 1994, elle y effectue une dernière cure de désintoxication, et se remet à l’écriture, principalement de nouvelles. DJ à partir de 1996 au « Cotton Club », elle se lance un an plus tard dans l’organisation de fêtes à grande échelle (elle est la première femme à organiser des concerts de rock et des raves en Chine).

En 1997, une des revues littéraires chinoise les plus prestigieuses – Xiaoshuo Jie – publie quelques-unes de ses nouvelles. La même année paraît à Hongkong (éd. Xinshiji Chubanshi) son premier recueil de nouvelles, Lalala, qui est aussitôt interdit en Chine. Mian Mian y décrit une face ignorée de la nouvelle Chine, un monde qui ne peut ni ne doit exister dans l’Empire du Milieu : celui de la drogue, de la prostitution, de l’homosexualité, de la folie, des jeunes en perdition. Mais elle le fait avec beaucoup de poésie. L’indépendance farouche de son ton et de son propos lui gagne rapidement la faveur de très nombreux lecteurs : Lalala est un livre culte, et ses éditions pirates fleurissent … 
Il est traduit en Allemagne (chez Kiepenheuer & Witsch) et en Italie (chez Einaudi).

Son premier roman, Tang paraît début 2000 simultanément dans la revue Shouhuo et la maison d’édition Zhongguo Xiju Chubanshe. Il déclenche une véritable tempête dans les milieux littéraires chinois et devient très vite un best-seller (40 000 exemplaires vendus en deux mois). Officiellement interdit en avril 2000, Tang est retiré de la vente. 
Mian Mian est la première à décrire la vie des drogués en Chine, ce qu’elle appelle la “cruelle jeunesse”. Mian Mian publie dans la foulée deux autres recueils de nouvelles, l’un à la Zhonguo Huashan Wenyi Chubanshe et l’autre à la Shanghai Sanlian Chubanshe, et travaille également au scénario d’un film, Shanghai Baby. Les Bonbons chinois est la traduction de Tang, remanié et enrichi par Mian Mian.

En 2019, après des années de silence, elle revient avec un nouveau livre, Spectacle de la disparition. A lire l’interview de Mian Mian pour Paris Match en décembre 2019.

Les Bonbons chinois

Xiao Hong a quinze ans lorsque sa meilleure amie se suicide. Cette tragédie bouleverse sa vie : elle quitte Shanghai, le lycée et sa famille, fuit dans une ville du sud où elle rencontre un guitariste, Saining. Elle veut vivre avec lui, tout vivre : elle partage ses amis et sa passion pour le rock, chante dans son groupe, et devient un oiseau de nuit. Leur amour les entraîne peu à peu dans une existence cruelle, avec pour lignes de fuite le sexe, la drogue, l’alcool et la folie.

En grande partie autobiographique, Les Bonbons chinois raconte l’histoire de Xiao Hong et de Saining, et celle de leurs amis, des êtres désemparés et démunis qui s’inventent chaque nuit un nouveau théâtre pour survivre. Dans un style cru et violent, Mian Mian traque et capture leur vérité, dressant le portrait d’une jeunesse chinoise désenchantée, révélant le malaise de toute une génération.

Mian Mian, Les Bonbons chinois, Editions de l’Olivier, 2001.

Weihui (1973-)

Wei Hui a grandi à Yutao, dans la province du Zhejiang. En 1991, elle entre à la faculté de chinois de la célèbre université Fudan, à Shanghai, d’où elle sort diplômée en 1995. Elle fait ensuite divers métiers : journaliste, rédactrice, animatrice d’une station de radio, serveuse dans un café, percussionniste, publicitaire. En 1999, elle publie  Shanghai Baby, un roman en partie autobiographique. Parmi ses œuvres les plus représentatives, on peut citer Cris perçants de papillons ou bien Aussi folle que Weihui.

Shanghai Baby

Shanghai Baby, interdit, saisi et pilonné dans son pays comme au bon vieux temps de la Révolution culturelle, bouscule hardiment les tabous et souffle un vent nouveau et provocateur sur la Chine.

Coco, une jeune femme sans complexes animée d’une prodigieuse soif de vivre et de tout découvrir, raconte le roman de sa vie, aimantée par ces deux pôles que sont Tiantian le frère de cœur, peintre fragile et impuissant, et Mark l’amant allemand. Pour décor, Shanghai et le goût de ses nuits scintillantes. Et pour moteur, les rencontres, les questions, et par-dessus tout le désir de faire entendre sa voix, la lumière d’un regard clair et franc sur le monde.

Servi par un rythme de narration original et une écriture jonglant avec poésie occidentale et chanteurs pop, Shanghai Baby est le roman d’une  » femme jeune et jolie, qui dit ce qu’elle pense  » et revendique haut et fort sa liberté. En dépit de la censure, il ne cesse de trouver d’innombrables lecteurs, faisant de Weihui un phénomène national. Tant il est vrai qu’à ce jour aucun écrivain n’a provoqué un tel remue-ménage en Chine.

Weihui, Shanghai Baby, Editions Picquier, 2003.

Zhang Yueran (1982-)

Zhang Yueran est née en 1982 à Jinan, dans la province du Shandong. Diplômée d’un doctorat de littérature chinoise classique, elle enseigne à Renmin University of China. Elle est également rédactrice en chef de la revue Newriting. Elle a publié plusieurs recueils de nouvelles ainsi que quatre romans. Son travail est régulièrement primé et salué, notamment par Mao Jian, Leung Man-tao, Yu Hua ou encore Han Han. Elle a remporté de nombreux prix dont The Chinese Press Most Promising New Talent Award (2005), The Spring Literature Prize (2006), The Best Saga Novel (2006), the MAO-TAI Cup People’s litterature Prize (2008). En 2012, le magazine Unitas la cite dans sa liste des 20 meilleurs écrivains de moins de 40 ans. Paru en 2016 et vendu à plus de 100 000 exemplaires en Chine, son dernier roman, Le Clou [Cocoon], est l’un des 10 meilleurs livres de l’année selon Asia Weekly.

Appartenant à la première génération issue de la loi sur l’enfant unique, Zhang Yueran est urbaine, contemporaine, mobile. Sa voix est celle de la jeunesse et de la conscience féminine qui affirme ses émotions et dénonce autant qu’elle en jouit l’individualisme, l’ennui et les relations humaines faites de rêves et de violence dans un monde fluctuant. Elle est aujourd’hui considérée comme l’un des jeunes auteurs les plus influents de Chine.

Romancière née dans les années 1980, au moment de la libéralisation de la société chinoise, Zhang Yueran a choisi de consacrer son dernier roman, Le Clou, au traumatisme de la Révolution culturelle : une période dont les séquelles sont encore palpables en Chine mais peu abordée par les écrivains de la nouvelle génération, qui ne l’ont pas directement connue. Il lui a fallu dix ans pour achever ce roman, pour lequel elle a choisi de renouer avec une certaine tradition de la littérature chinoise. Elle en a retiré un texte d’une très grande modernité. Son œuvre est jusqu’à présent inédite en France. Avec Le Clou, son dernier roman, elle est traduite pour la première fois en français.

Le Clou

La trentaine un peu cabossée, Li Jiaqi et Cheng Gong se retrouvent après des années sans nouvelles. Elle rentre de Pékin où elle était rédactrice de mode ; lui habite encore avec sa tante sur le campus de la Faculté de médecine. C’est là que tout a commencé. Parce que leurs grands-pères – l’un éminent chirurgien, l’autre directeur adjoint de l’hôpital universitaire – s’y sont côtoyés aux heures les plus sombres de la Révolution culturelle… En une fresque incroyablement vivante, peuplée de souvenirs d’enfance, de conflits familiaux et de révélations, ils se racontent leurs vies parallèles et avancent une à une les pièces manquantes du drame.Zhang Yueran explore comme en apnée la vie de ces générations heurtées dans un roman unique, ultrasensible et très contemporain.

Zhang Yueran, Le Clou, Zulma, 2019.