Anna Funder, « Tout ce que je suis »

« Quand Hitler arriva au pouvoir, j’étais dans mon bain. Notre appartement donnait sur le Schiffbauerdamm, le long de la rivière, en plein coeur de Berlin. De nos fenêtres, on voyait le dôme du Parlement. Hans avait monté le volume de la TSF du salon pour l’entendre depuis la cuisine, mais seules des clameurs me parvenaient, par vagues, comme lors d’un match de football. On était lundi après-midi », se souvient Ruth soixante-dix ans après.

C’est son histoire et celle de ses amis, Ernst Toller, Dora Fabian et Hans Wesermann que nous livre Anna Funder dans un roman émouvant et dramatique. Contraints à l’exil en 1933, ces militants anti-nazis tentèrent d’alerter le monde sur la menace hitlérienne – en vain. Persécutés, emprisonnés, ils assumèrent jusqu’au bout leurs idéaux, au péril de leur vie. Quand Dora fut assassinée, leur amitié vacilla.

Anna Funder, Tout ce que je suis, 10-18, 2005.

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